LES DROITS DE L’ENFANT
EN CONTEXTE DE CRISE

Particulièrement engagé dans la défense des droits de l'enfance à l'international, le Secours Islamique France (SIF) a participé au sein du Groupe Enfance à la production de fiches pratiques et informatives sur la thématique. Construit autour de cas et programmes d'aide humanitaire, ce document est disponible en ligne, téléchargeable dans cet article. Le focus proposé par le SIF porte sur des projets mis en place par nos équipes pour l'enfance face à la Crise Syrienne.

C’est l’une des préoccupations majeures du Secours Islamique France (SIF). En ce mois de juillet 2023, les équipes de nos missions internationales s’associent à la publication de quatre fiches pratiques sur les Droits de l’Enfant en contexte de crise, telles que les conflits armés et les catastrophes climatiques. Ces documents ont été élaborés par le Groupe Enfance, un collectif humanitaire de 18 ONG françaises, dont le Secours Islamique France (SIF) est un membre actif.

Bien-être et protection de l’Enfance : avec le Groupe Enfance, le SIF présente ses projets en Syrie
 
Chacune de ces quatre fiches portent sur des cas concrets, et récents. Pour sa contribution, le SIF a choisi d’évoquer la Syrie, où nos équipes interviennent depuis 2008. Dans ce pays du Proche-Orient, des millions d’enfants et de jeunes souffrent d’un contexte difficile et instable, marqué par la violence des conflits qui durent depuis 2011. Le document consacré au SIF présente des projets mis en place sur 19 mois (2021-2022) en Syrie autour de l’égalité d’accès à l’éducation information, et la gestion de cas de protection de l’enfant.

Les décryptages apportés par les quatre fiches sont renforcés par un document introductif, qui permet d’adopter un point de vue global sur la thématique : présentation de l’Approche fondée sur les Droits de l’Enfant (AFDE) et de la mission du Groupe Enfance et informations clés. Le Secours Islamique France et ses partenaires s’engagent ensuite en réaffirmant leur engagement, via des recommandations de plaidoyer pour la réalisation effective des Droits de l’Enfant.

Les enfants, principales victimes des crises, malgré la Convention Internationale des Droits de l'Enfant 

Ces enjeux sont cruciaux, et ne peuvent plus attendre. Plus de 3 décennies après l'adoption de la Convention Internationale des Droits de l'Enfant, la CIDE, les enfants et les jeunes restent les premières victimes des multiples crises et conflits dans le monde, notamment à cause des attaques d'écoles. Ce texte capital avait pourtant été adopté à l'unanimité le 20 novembre 1989 par l'Assemblée Générale des Nations Unies. Au fil du temps, d’autres protocoles ont été intégrés à la CIDE. Entré en vigueur en 2002, l’un concerne spécifiquement l’implication des mineurs de moins de 18 ans dans les conflits, et vise à combattre l’enrôlement d’enfants soldats dans les forces armées.

Signée par 197 États, la Convention Internationale des Droits de l'Enfant des Nations Unies comporte 54 articles autour de quatre grands principes

L’INTÉRÊT SUPÉRIEUR DE L’ENFANT

L’INTÉRÊT SUPÉRIEUR DE L’ENFANT

LE DROIT DE VIVRE, SURVIVRE ET SE DÉVELOPPER

LE DROIT DE VIVRE, SURVIVRE ET SE DÉVELOPPER

LA NON-DISCRIMINATION

LA NON-DISCRIMINATION

.
LE RESPECT DES OPINIONS DE L’ENFANT

LE RESPECT DES OPINIONS DE L’ENFANT

LES CHIFFRES CLÉS DES DROITS DE L'ENFANT EN CONTEXTE DE CRISES

Aujourd'hui encore, à travers le monde, d'innombrables enfants subissent, impuissants, des violences et des privations. Ces situations, terribles, ne sont pas sans conséquences dramatiques en termes d'accès aux droits fondamentaux. Manque d'accès à l'eau potable, insécurité alimentaire, problèmes d'accès à l'éducation, manque d'accès aux soins médicaux, déplacements forcés, exploitation... Exacerbées, leurs vulnérabilités les empêchent de s'épanouir à un âge où, plus que jamais, ils ont besoin de se sentir protégés et soutenus.

1. Dans le monde, près de 250 millions d’enfants (soit 1 sur 9) grandissent dans des zones et pays touchés par des conflits. Près de 125 millions d’entre eux (soit 1 sur 2) sont directement impactés par la violence [1].

2. Fin 2021, 36,5 millions d’enfants sont des déplacés forcés : c’est un triste record, le pire chiffre enregistré depuis la Seconde Guerre mondiale. Ce chiffre comprend 13,7 millions d’enfants réfugiés et demandeurs d’asile et près de 22,8 millions d’enfants déplacés à l’intérieur de leur pays en raison de conflits et de violences [2].

3. Entre 2005 et 2020, plus de 266 000 violations graves ont été commises contre des enfants par des parties prenantes de conflits en Afrique, en Asie, au Moyen-Orient et en Amérique latine [3].

4. 222 millions d’enfants touchés par des crises ont urgemment besoin d’une aide en matière d’éducation [4]

5. Dans ces contextes de conflits, les filles sont 2,5 fois plus susceptibles de se retrouver déscolarisées [5].

[1] Nations Unies, 2020.
[2] Unicef, Juin 2022.
[3] 25 ans de travail en faveur des enfants dans les conflits armés : Prendre des mesures pour protéger les enfants en temps de guerre, UNICEF.
[4] Global Estimates: Number of Crisis-Affected Children and Adolescents in Need of Education Support, Education Cannot Wait, Juin 2022.
[5] UNESCO, 2015. Rapport mondial de suivi sur l’Éducation pour tous, https://unesdoc.unesco.org/ark:/48223/pf0000233557_fre

Image

PLAIDOYER : LE SIF ET LE GROUPE ENFANCE APPELLENT LA FRANCE À :

Droit à la santé, à une identité, d’être protégé de la guerre, de la violence, de l’exploitation, ou encore d’accéder à un niveau suffisant… Chaque enfant dispose de droits fondamentaux, assurés par la Convention Internationale des Droits de l’Enfant. Dans les contextes de crises, leur réalisation est encore loin d’être suffisamment effective : les enjeux sont cruciaux. C’est pourquoi le Secours Islamique France et ses partenaires du Groupe Enfance appellent la France à :

1. Faire des Droits de l’Enfant et de l’Approche fondée sur les Droits de l’Enfant l'une des priorités transversales de la future stratégie humanitaire de la République française (SHRF), en cohérence avec les engagements pris dans le cadre de la Loi de programmation relative au développement solidaire et à la lutte contre les inégalités mondiales (LOP-DSLIM) ;

2. Former l’ensemble des agents publics internationaux et des opérateurs de l’État aux droits de l’enfant, en priorité les personnels officiant en contexte d’urgence et de crise, à l’impact spécifique de ces contextes sur les droits de l’enfant, notamment à la sauvegarde et la protection des enfants ainsi qu’à la protection contre l’exploitation et les abus sexuels (PEAS) ;

3. Promouvoir et soutenir la participation sûre et authentique des enfants, notamment des filles, à plusieurs niveaux : dans le processus de renouvellement de la SHRF afin que leurs besoins spécifiques irriguent et nourrissent ses futures priorités, via le renforcement des financements alloués aux organisations et réseaux d’enfants et des jeunesses, à toutes les étapes des programmes et projets d’urgence qui les concernent, ou encore dans le cadre des dépôts de plainte en cas de violation de leurs droits dans les conflits ;

4. Déployer une approche nexus alliant action humanitaire, développement et consolidation de la paix afin de garantir la sécurité des enfants, d’assurer une meilleure réalisation des droits de l’enfant et de favoriser la mise en place de cadres de concertation entre les différents acteurs impliqués sur le terrain ;

5. Lutter contre l’impunité face aux violations graves des droits de l’enfant en situation de conflit, via le soutien aux mécanismes internationaux permettant la surveillance et la communication systématiques par les Nations Unies des violations des droits des enfants et les mécanismes permettant les poursuites des auteurs des violations, en mobilisant des experts genre et enfance

RAPPORT ANNUEL DES NATIONS UNIES : 27 180 VIOLATIONS GRAVES CONTRE LES DROITS DES ENFANTS EN SITUATION DE CONFLIT ARMÉ EN 2022

Le 5 juillet 2023, les Nations Unies ont présenté leur rapport annuel par la voix de Virginia Gamba, la Représentante spéciale du Secrétaire Général pour le sort des enfants en temps de conflit armé. Ce document porte sur l’année 2022, et aborde la problématique des Enfants et les conflits armés. Malheureusement, force est de constater que la situation est alarmante. Elle a même empiré : les experts ont recensé 27 180 violations graves contre les droits des enfants, un chiffre en augmentation aux 23 982 identifiées en 2021, une situation déjà très inquiétante. Victimes collatérales, les enfants restent donc toujours touchés de manière disproportionnées par les conflits armés.

  • 8 631 enfants ont été tués (2 985) ou mutilés (5 665) ;

  • 7 622 ont été enrôlés de force dans des forces armées pour devenir enfants-soldats ;

  • 3 985 enfants ont été enlevés ;

  • 3 931 refus d’accès à l’aide humanitaire ;

  • 2496 enfants ont été placés en détention ;

  • 1 165 enfants ont subi des crimes sexuels ;

  • 1 163 écoles ont été attaquées ;

  • 647 hôpitaux ont subi des assauts.

Les Nations Unies se sont montrées particulièrement choquées, affirmant que les forces armées et de sécurité gouvernementales soient les principaux de ces atteintes aux droits des enfants, bien que la moitié des actes émanent de groupes armés. Virginia Gamba a également insisté sur une promesse, celle de développer une nouvelle campagne de sensibilisation qui vise à placer la voix des enfants au centre du travail de l’ONU dans ce domaine.

Conflits et Droits des Enfants : les Nations Unies alertent et formulent des recommandations

La Représentante spéciale du Secrétaire Général pour le sort des enfants en temps de conflit armé a également formulé de nombreuses recommandations face à des enjeux absolument cruciaux. Les cinq premières sont à découvrir ci-dessous :

1. Je demeure préoccupé par l’ampleur et la gravité des violations graves commises sur la personne d’enfants. Je demande à toutes les parties de s’acquitter des obligations que leur imposent le droit international humanitaire, le droit international des droits humains et le droit international des réfugiés et de mettre fin immédiatement aux violations graves et de les prévenir.

2. Je me félicite de la collaboration constante entre les parties à des conflits et l’Organisation des Nations Unies pour ce qui est d’élaborer et de mettre en œuvre des plans d’action et d’autres engagements visant à protéger les enfants.

3. Je demande une nouvelle fois aux États Membres de continuer d’appuyer cette collaboration, notamment en facilitant l’action de l’ONU auprès des acteurs non étatiques.

4. Je demande à ma représentante spéciale et aux équipes spéciales de pays et dispositifs similaires de dialoguer avec toutes les parties pour faire cesser et prévenir les violations graves, y compris en collaborant avec les organisations régionales, et de renforcer les activités de surveillance et d’information sur les enfants et les conflits armés en coordination avec les entités du système des Nations Unies.

5. Je demande au Conseil de sécurité de veiller à ce que les dispositions et les capacités en matière de protection de l’enfance soient intégrées dans tous les mandats pertinents des opérations de maintien de la paix et des missions politiques spéciales des Nations Unies conformément à la politique de 2017 relative à la protection de l’enfance dans les opérations de paix des Nations Unies.

ONG de solidarité internationale, le Secours Islamique France (SIF) renforce ses actions humanitaires par des actions de plaidoyer basée sur l’expérience cumulée sur le terrain avec plusieurs objectifs : identifier les causes des crises, sensibiliser les décideurs et le grand public, insuffler des changements profonds et durables pour les populations vulnérables. Pour mener nos projets, nous avons besoin de vous. 

Image

DROITS DE L’ENFANT : L’URGENCE EST RÉELLE !