RAMADAN 2021
Entretien avec un aumônier

« Les colis solidaires du Secours Islamique France, un rayon de soleil pour les détenus »

Mohamed-Iqbal Zaïdouni, aumônier en Bretagne, loue l’action du SIF dans les centres pénitenciers pendant le Ramadan. Près de 8 800 colis solidaires ont été distribués à des détenus grâce au soutien de nos donateurs. 

La solidarité envers les plus démunis ne doit souffrir ni de préjugé ni de discrimination. Cette philosophie, le Secours Islamique France (SIF) la défend depuis 1991, année de sa fondation.

Pendant le mois si particulier de Ramadan, nos équipes avaient ainsi préparé près de 8 800 colis solidaires, notamment composés de denrées alimentaires, destinés à des centres pénitenciers d’Ile-de-France, des Hauts-de-France et de Bretagne.

Si nos bénévoles n’ont pu aller directement à la rencontre des bénéficiaires à cause des restrictions liées à la crise sanitaire, les aumôniers des centres de détention concernés ont organisé eux-mêmes les distributions. 

Pour Mohamed-Iqbal Zaïdouni, également président du Conseil régional du culte musulman en Bretagne, cette action humanitaire du SIF apporte une aide très précieuse aux  détenus. Entretien.

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Comment les détenus perçoivent-ils les colis solidaires du SIF ?

« Chaque année, les colis solidaires du SIF sont très attendus par les détenus. C’est devenu un rendez-vous incontournable. La distribution crée des moments de convivialité. Ils se sentent considérés et sont rassurés de se dire que dehors, des personnes pensent à eux. »

Les détenus se sentent donc moins seuls…

« Tout à fait. Quand on est privé de liberté, c’est qu’on a commis des erreurs. Il est normal de les payer. Mais les détenus n’en restent pas moins des êtres humains. Alors, les colis solidaires du SIF, c’est leur rayon de soleil. Ils se sentent isolés et en marge du reste de la société. En un mot, considérés ! »

C’est-à-dire ?

« Quand on est en prison, on est marginalisé. On réfléchit beaucoup et parfois un peu trop. Ces colis et le message solidaire qu’ils symbolisent les immunisent contre le repli communautaire. Ce genre de marque de respect à leur égard leur évite de tomber dans la haine de la société, ils s’apaisent et continuent de croire en les valeurs de la République, telles que la fraternité. »

Comment organisez-vous la distribution ?

« D’abord, on leur parle du SIF, de ses actions, que le but est humanitaire et qu’il s’agit d’une aide universelle. C’est vrai que ces colis leur parviennent pendant Ramadan mais on ne fait aucune discrimination, on ne donne pas qu’aux musulmans. Je travaille d’ailleurs avec les aumôniers d’autres religions, c’est vraiment important de favoriser les échanges et l’ouverture d’esprit. Certains détenus restent marqués très longtemps par ce genre d’opération. »

Positivement, on imagine…

« Bien-sûr ! Ils sont nombreux à me contacter après l’opération pour me demander comment renvoyer l’ascenseur. Ils me disent : Je vis des moments compliqués, je sais ce que c’est. Je veux, moi aussi, aider les autres avec le SIF. Après leur sortie, certains m’ont assuré être devenus eux même donateurs. Quand j’entends cela, c’est humainement très fort. Il est vraiment très important que le SIF puisse continuer à aider les détenus. Que les donateurs en soient sûrs : l’impact de votre générosité est encore plus fort que vous ne le pensez. Merci de tout cœur ! »