FORUM MONDIAL DE L’EAU

LE SECOURS ISLAMIQUE France (SIF) REGRETTE DES AMBITIONS LARGEMENT REVUES À LA BAISSE

Pour la Journée mondiale de l’eau de ce 22 mars, le SIF s’associe à la Coalition Eau et l’Effet papillon dans une déclaration commune pour dénoncer la faiblesse de la mobilisation politique au Forum mondial de l’eau, qui se déroule en ce moment à Dakar.

C’est un rendez-vous international majeur et incontournable sur les problématiques de l’eau, de l’hygiène et de l’assainissement. Le Forum mondial de l’eau (FME) était donc très attendu au regard de la crise majeure de l’eau et sa gouvernance : actuellement, plus de 2 milliards de personnes dans le monde n’ont pas accès à l’eau potable.

Co-organisée par le Sénégal et la Conseil mondial de l’Eau, la 9e édition a bien débuté comme prévu le 21 mars à Dakar et se clôturera le 26 mars. Comme d’autres ONG majeures, le Secours Islamique France (SIF) y a envoyé une délégation pour présenter ses projets, proposer des solutions humanitaires et approches programmatiques, telles que l’Approche basée sur les droits humains (ABDH) adaptés à l’eau, l’hygiène et l’assainissement.

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FME 2022 :
le SIF et la Coalition Eau dénoncent une mobilisation politique trop faible

Mais force est de constater que les ambitions de cet évènement mondial pourtant incontournable ne sont pas à la hauteur de l’urgence. Alors que deux sommets réunissant des chefs d’État mondiaux avaient été annoncés, ils n’auront finalement pas lieu. Ce qui devait être le temps fort de l’édition sénégalaise n’est donc plus au programme.

Seuls quelques chefs d’État ou leurs représentants ont assisté à la cérémonie d’ouverture. C’est insuffisant, tant des négociations et des décisions collectives fortes sont absolument indispensables. Actuellement, 107 pays doivent considérablement accentuer leurs efforts pour être en mesure de garantir une gestion durable de l’eau et l’accès universel à l’eau et à l’assainissement, un objectif inscrit dans l’Agenda 2030 des Nations unies.

Face à la situation, le SIF se mobilise une fois de plus. À l’occasion de la Journée mondiale de l’eau de ce 22 mars 2022, notre ONG est signataire d’une déclaration commune avec deux collectifs de la société civile dont le SIF est membre, la Coalition Eau et l’Effet papillon.

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Dakar, le 22 mars : en début d’après-midi, au Forum mondial de l’eau, la Coalition eau et le Butterfly effect, dont le SIF est membre, ont pris la parole pour appeler
à une volonté politique plus forte face à la crise de l’eau

Notre appel pour un sursaut politique mondial face à la crise de l'eau

À l’occasion de la Journée mondiale de l'eau célébrée ce 22 mars, nous affirmons que l'eau est l'enjeu social et écologique majeur du XXIème siècle. Le monde est confronté à deux grands défis : d'une part, fournir un accès universel à l'eau potable et à l'assainissement, alors que des milliards de personnes sont toujours dépourvues de ce droit humain fondamental. D'autre part, assurer une gestion durable, équitable et inclusive de l'eau, alors que nos ressources en eau sont soumises à des pressions croissantes et multiples : pollution, surexploitation, accaparements, destruction des écosystèmes... La concurrence exercée sur nos ressources en eau, de plus en plus dégradées, est une menace pour la paix. Le Forum Mondial de l'Eau, qui se déroule du 21 au 25 mars au Sénégal, se voulait être le lieu pour une mobilisation politique de grande ampleur face à ces défis.

Nous regrettons que, pour de multiples raisons, aucun des deux sommets annoncés, le sommet de chefs d'État et le sommet extraordinaire de l'Union Africaine, n'ait lieu. Un engagement politique fort pour la problématique de l’eau et la préservation de cette ressource vitale est pourtant indispensable, sachant que la dernière - et unique - conférence intergouvernementale des Nations Unies sur l'eau remonte à 1977.

L'eau est gérée principalement localement, mais la crise de l'eau est globale : elle concerne l'ensemble de la communauté internationale. L'eau est un cycle, c'est une seule et même ressource. Elle est fortement impactée par le changement climatique et, comme le climat, elle ne connait pas les frontières. C'est pourquoi des réponses mondiales à la hauteur des enjeux s’imposent. Nos organisations et leurs membres, issus des 5 continents, appellent à 5 changements politiques majeurs pour répondre à la crise de l’eau :

1. Une volonté politique plus forte. Car l'inaction politique est le principal frein aux progrès dans nombre de pays.

2. Une gouvernance de l’eau renforcée. Car l'eau est un bien commun qui doit être géré de façon démocratique et durable.


3. Des citoyens et une société civile activement impliqués. Car l'eau est l'affaire de toutes et tous, au premier rang desquels les femmes et les jeunes.

4. Des engagement financiers forts et transparents. Car nous devons quadrupler les investissements annuels pour atteindre une couverture universelle en eau et assainissement d'ici 2030, en garantissant l’accès à l’information et la transparence dans les décisions et les financements.

5. Un cadre multilatéral renouvelé. Car nous avons besoin de l'engagement diplomatique de toute la communauté internationale pour prendre les décisions collectives qui s’imposent. Relever les défis de l'eau et de l’assainissement n'est pas impossible mais nécessite une action politique urgente.

Quarante-six ans après la conférence de 1977, les Nations unies organiseront une conférence intergouvernementale sur l'eau en mars 2023 à New York. A un an de cette échéance majeure, nous avons besoin d'un sursaut mondial pour l'eau !