JOURNÉE MONDIALE DE L’AIDE HUMANITAIRE

SÉCURISER SES MISSIONS HUMANITAIRES, UNE PRÉOCCUPATION MAJEURE DU SECOURS ISLAMIQUE FRANCE (SIF)

Le quotidien des travailleurs humanitaires n’est pas sans risques. L’an dernier, 468 d’entre eux ont été violentés dans l’exercice de leur mission. Ils sont 141 à avoir payé leur engagement de leur vie, un bilan dramatique. Pour limiter les risques, le Secours Islamique France s’appuie depuis de nombreuses années sur des mesures de sécurité rigoureuses, vouées à protéger ses collaborateurs et les bénéficiaires de ses actions. Tour d’horizon, à l’occasion de la Journée mondiale de l’aide humanitaire du 19 août 2022.   

Agressions à main armée, balles perdues lors de fusillades, bombardements, enlèvements, menaces… Sur le terrain, dans l’exercice de leur mission, les travailleurs humanitaires sont exposés à des risques qui peuvent malheureusement s’avérer fatals. En 2021, 468* humanitaires ont été victimes de violences majeures à travers le monde. Parmi eux, 141 ont perdu la vie, le bilan le plus élevé depuis 2013, et les chiffres de l’année en cours n’incitent pas à l’optimisme.

Les huit premiers mois de 2022 marqués par la mort de 44 travailleurs humanitaires

Au 19 août 2022, 84 travailleurs humanitaires ont été kidnappés, 40 ont été grièvement blessés et 44 familles ont été endeuillées. Une réalité inquiétante, donc, malgré toutes les précautions prises pour limiter les risques au maximum. Sur le terrain, rien n’est laissé au hasard par les ONG, qui établissent des rigoureuses procédures de sécurité pour le personnel de leurs différentes missions, salariés locaux employés par la structure comme expatriés et visiteurs.

(*) Aid Worker Security Database (AWSD).

Le SIF définit un cadre global de sécurité, ensuite adapté aux différents contextes

C’est naturellement le cas du SIF, basé dans plus de 15 pays, tels que la Palestine, le Pakistan, la Somalie, ou encore le Yémen, le Nigéria et le Mali. Au cœur de ce dispositif, un collaborateur joue un rôle clé : notre Référent Sécurité, Marc-André L. Véritable expert, il a élaboré une politique de sécurité, qui fixe un cadre global pour toutes les missions, et briefe tous les collaborateurs amenés à se rendre sur le terrain. Dans cette logique, les travailleurs humanitaires du SIF sont sensibilisés et formés aux mesures de sécurité en milieu hostile.

Mais Madagascar n’est pas la Palestine, comme le Mali n’est pas le Yémen : les risques ne sont pas les mêmes, chaque contexte est évalué (probabilités d’attentats, de coup d’État, de catastrophes naturelles ou encore taux de criminalité et attaques de groupes armés, par exemple) et les procédures sont adaptées à chaque pays d’intervention. Le Référent Sécurité, en collaboration avec les différents responsables de sécurité basés sur le terrain, assure donc une veille quotidienne et ajuste à l’actualité les consignes communiquées aux missions. Chacune d'entre elles est d’ailleurs reliée à un indice de risque, évolutif.

Des points de sécurité réguliers, des mesures évolutives par rapport à l’actualité

« Toutes les semaines, on procède à un point de sécurité, explique Alexis P., Responsable des bureaux Afrique et Haïti du SIF et co-Responsable de sécurité par intérim. Dès qu’il y a un incident, il est communiqué aux missions, et ça marche dans les deux sens : s’il y a un problème sur le terrain, l’information est remontée au siège. Tout est traité le plus rapidement possible et on prend des décisions. »

Pour perdre le moins de temps possible, le Référent Sécurité, le Directeur des programme et des opérations à l'international (Souleymane Abba Gana) et les responsables de desk (les bureaux géographiques) du SIF restent en alerte sept jours sur sept, vingt-quatre heures sur vingt-quatre : ils se relaient pour s’assurer que les travailleurs humanitaires puissent trouver à qui parler en cas de problème. Dans certains cas extrêmes, le personnel peut être rapatrié en urgence, comme dans le cas de déclenchement soudain d’une guerre.

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Certaines interventions du SIF se déroulent dans des pays à haut risque, comme ici, au Yémen

Lors de crises extrêmes, les équipes du SIF peuvent être rapatriées en urgence

Le cas récent le plus médiatisé remonte au 15 août 2021, date de la reprise de Kaboul par les Talibans en Afghanistan. « Ce sont les plans d’évacuation d’urgence, poursuit Alexis L., déclenchés quand les ONG ne peuvent plus du tout garantir la sécurité de leurs collaborateurs, même si le risque zéro n’existe pas, dans l’humanitaire… »

Autres options plus fréquentes, et souvent activées pour notre mission à Gaza en Palestine, les « mesures d’hibernation » : « Quand l’insécurité présente trop de risques, ajoute Alexis P., le SIF restreint les mouvements de ses équipes, qui peuvent être limités au strict nécessaire dans les cas les plus "chauds", ou encore soumis à un couvre-feu, voire simplement interdits le week-end, hors des heures de travail… »

Rien n’est laissé au hasard, même dans la vie quotidienne

Le Secours Islamique France (SIF) anticipe donc au maximum, une ligne directrice également appliquée aux règles imposées aux travailleurs humanitaires dans leur quotidien. Par exemple, au Mali, où le contexte sécuritaire est particulièrement fragile, le Référent Sécurité établit à l’avance des trajets à respecter impérativement. « Pour les besoins tels qu’aller faire des courses, indique Alexis P., notre staff est averti des zones à éviter et des déplacements possibles. On leur communique les chemins à prendre, on varie les itinéraires… »  

Une mesure parmi des dizaines d’autres établies pour ce pays d’Afrique de l’Ouest situé en plein cœur du Sahel, telles que des contrôles d’accès sur les installations gérées par le SIF, ou la communication et validation préalable à tout déplacement. Le respect des principes de neutralité et d'indépendance dans toute situation, que ce soit pendant et hors les heures de travail en font également partie : les opinions politiques personnelles sont proscrites en public.

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Au Mali comme dans les autres pays où le SIF intervient, des procédures de sécurité sont définies pour protéger les travailleurs humanitaires

Protection de l’espace humanitaire : en parallèle, le SIF développe des actions de plaidoyer

Outre ces indispensables procédures internes, le Secours Islamique France mène des actions de plaidoyer avec ses pairs avec un objectif : appeler les États à renforcer la protection de l’espace humanitaire et à faire respecter le Droit international humanitaire en toutes circonstances. L’espace humanitaire comprend l’accès des acteurs humanitaires au terrain et aux populations vulnérables. Il concerne également leurs conditions de travail (sécuritaires, rapidité, dans le respect des principes humanitaires…) Il englobe également l’accès des populations elles-mêmes aux services de base nécessaires à leur survie et protection.


Le SIF mène des actions sociales et humanitaires (urgence et développement) en France et à l’international. Notre ONG de solidarité est labellisée par le
Don en Confiance, un organisme indépendant, sans discontinuer depuis 2011.