La situation est dramatique en Palestine. Dans la bande de Gaza, l’urgence est absolue : la population civile est sous le choc des bombardements, et la vie d’innombrables enfants est menacée par la malnutrition. La crise humanitaire est d’une ampleur inouïe, les Nations Unies parlent désormais de famine. Sur place, le SIF poursuit les actions d’urgence menées à Gaza depuis le début de la guerre.
Le 20 mai, notre équipe a lancé une nouvelle série de distributions alimentaires : ce jour-là, plus de 1 800 personnes, déplacées dans le nord de Gaza, ont reçu des colis de légumes frais. Le SIF s’est procuré les denrées directement dans l’enclave, auprès des rares agriculteurs et fournisseurs locaux qui avaient encore un peu de stock. En l’état actuel des choses, c’était la seule solution puisque les frontières sont totalement fermées depuis le début du mois de mars.
Cette action a été très difficile à mettre en place, conséquence de pénuries drastiques, d’obstacles logistiques majeurs et de bombardements incessants. La première phase est prévue sur cinq jours, avec une augmentation des quantités dès le 21 mai : chaque jour, c’est plus de 5 000 personnes qui recevront des légumes dans des camps situés dans le nord, mais aussi dans le sud, de Gaza.
En parallèle, nos équipes étudient la façon de pérenniser cette intervention, en la renforçant : les besoins sont absolument immenses. « Bien sûr que nous avons peur, explique Islam, membre de notre équipe sur place. Mais nous sommes des humanitaires et nous devons restés mobilisés. La faim a atteint un stade critique. Pour les bénéficiaires, la distribution des légumes est une aide inespérée… »
Ces actions d’urgence viennent compléter toutes celles que le SIF a déployées depuis le début de la guerre en cours. Grâce au soutien de nos donateurs, nous avons pu, au fil du temps, apporter de l’aide d’urgence à plusieurs centaines de milliers de personnes en détresse :
• Distribuer des colis de légumes à 25 500 personnes
• Distribuer des colis alimentaires à 17 000 personnes
• Distribuer, une nouvelle fois, des colis de légumes, pour 17 000 personnes
• Acheminer de l’eau potable par camion, réhabiliter des infrastructures d’accès à l’eau et à l’assainissement, distribuer des vêtements, des tentes, des kits d’hygiène, procéder au nettoyage et à l’assainissement de camps de déplacés. Tous ces projets ont bénéficié à 150 000 personnes.
• Déployer une troisième distribution de colis de légumes, pour 10 000 personnes
• Organiser une deuxième distribution de colis alimentaires pour 22 000 personnes, suivie d’une troisième destinée à 56 000 personnes
• Distribuer, pour la quatrième fois, des colis de légumes à 13 000 personnes
• Assainir, nettoyer et réhabiliter 10 camps de déplacés, surpeuplés et insalubres
• Distribuer des colis de viande à 90 000 personnes
• Organiser une cinquième distribution de colis de légumes, pour 45 000 personnes
• Livrer près de 40 tonnes d’aliments thérapeutiques à des centres de santé : ce type de denrée est spécialement conçue pour lutter contre la malnutrition infantile. Une partie du chargement était une variante pour les femmes enceintes.
• Distribuer des milliers de repas chauds dans des écoles, et déployer une sixième action de distribution de colis de légumes.
La crise qui frappe Gaza fragilise les enfants de façon extrême. Le manque d’accès à l’eau potable et les pénuries alimentaire provoque malnutrition et retard de croissance : leur vie est menacée ! Pour apporter des réponses, le SIF a procédé à la distribution d'aliments adaptés : c'est notre action Gaza Lifeline.
Face à la famine, de l'aide alimentaire pour les enfants, en détresse dans les hôpitaux et centres de santé
Très denses en nutriments, ces denrées appelées Plumpy'nut sont spécialement conçues pour lutter contre la malnutrition infantile sévère. Les distributions ont eu lieu décembre 2024, en collaboration avec un partenaire local, et se sont s’adressées à 30 000 personnes : des enfants extrêmement fragilisés, âgés de 2 à 15 ans, ainsi que des femmes enceintes ou allaitantes pour qui il existe une version adaptée. Pour optimiser l’efficacité de cette action, notre équipe s’est coordonné avec des hôpitaux et des centres de santé : ces aliments impliquent un suivi médical.
Une action cruciale : à Gaza, plus de 14 000 enfants ont perdu la vie en un an
À bout de souffle, le personnel médical travaille en flux tendu, et doit composer avec des stocks alimentaires très faibles, voire même bien souvent complètement épuisés. Au regard de la gravité de la crise en cours, ce type d’action sauve des vies : selon l’UNICEF, à Gaza, au moins 14 000 enfants ont succombés en un an de guerre, une grande partie des conséquences de la faim.
Une situation qui inquiète profondément Mohammed A., le Chef de Mission du SIF à Gaza :
« A Gaza, les enfants sont les première victimes de la crise. Certains ont perdu leurs parents, tous sont traumatisés par les bombardements, et ils sont innombrables à s’être déplacés sur le territoire, en quête de sécurité. Ils ne vont plus à l’école, vivent dans des camps, où leurs conditions de vie ne seraient même pas dignes de celles d’un animal. Il fait pleut, il fait froid, la faim et le manque d’eau potable les rongent, ils sont des milliers à tomber gravement malades. Les enfants sont pris au piège de la guerre, et, au lieu de s’amuser et d’apprendre de nouvelles choses à l’école, ils risquent de mourir à tout moment… »
QUAND LES CONDITIONS SONT RÉUNIES, LE SECOURS ISLAMIQUE FRANCE ACHEMINE LE SOUTIEN ALIMENTAIRE DEPUIS L'ÉGYPTE, VIA RAFAH, OU SE FOURNIT DIRECTEMENT AUPRÈS DE PRODUCTEURS LOCAUX À GAZA.
À Gaza, le SIF apporte de l'aide d'urgence quand le contexte le permet. Depuis le début de ses interventions, notre ONG s'est adapté en procédant de deux façons : l'une d'entre elles consiste à acheminer les denrées depuis l'Égypte, ce qui suppose que le poste-frontière de Rafah soit ouvert. Nos chargements patientent alors quelques jours au poste-frontière de Rafah, où les camions humanitaires n'entrent qu'au compte-goutte. Les équipes du SIF réceptionnent ensuite les colis alimentaires dans la partie sud de la Bande de Gaza, avant de les distribuer.
En parallèle, quand c'est possible, le Secours Islamique France achète des fruits et des légumes à l’intérieur même de Gaza. Quelques fournisseurs et marchés locaux ont réussi à préserver du stock, malgré les destructions et les graves pénuries. Des opportunités rares, qui permettent de gagner du temps, et de stimuler une économie locale complètement à genoux. C'est aussi une façon de continuer d'agir pendant les périodes de fermeture totale du poste-frontière de Rafah.
« TOUT LE MONDE, SANS EXCEPTION, A BESOIN D'AIDE HUMANITAIRE » À GAZA, ALERTE LEILA, DE L'ÉQUIPE LOCALE DU SIF.
Pendant Ramadan, le SIF avait concilié les deux méthodes. Une fois de plus, Leila, 25 ans, membre de l'équipe du SIF à Gaza, participe aux distributions. Mère d'une petite fille de 2 ans, elle est parvenu à trouver la force de continuer d'aider les autres, alors qu'elle souffre très durement des conséquences du conflit et dépend elle-même de l'aide humanitaire ! Leila a accepté de témoigner. La version complète est ici. En voici un extrait, tandis que les témoignages audio de son collègue Ryad sont à découvrir en suivant ce lien.
« S’aventurer dehors est un risque pour nos vies, mais on doit sortir dans l’espoir de trouver de la nourriture et de l’eau, puis on rentre, épuisés. Ici, à Gaza, on ressent tous de la peur à chaque instant. Ce conflit dure, on n’entrevoit pas le moindre signe d’une issue prochaine. La situation est tellement grave que tout le monde, sans exception, a besoin d’aide humanitaire. Les colis alimentaires sont donc d’un soutien vital. Ils aident les bénéficiaires à tenir, que ce soit par leur valeur nutritionnelle, ou le réconfort qu’ils leur apportent. Les distributions figurent d’ailleurs parmi les rares moment où l’on voit des enfants sourire… »Si le Secours Islamique France est en capacité d'agir en Palestine par des réponses d'urgence à la crise humanitaire qui frappe Gaza, c'est grâce à la générosité des donateurs. Responsable du bureau local du Secours Islamique France, Adel K. tire la sonnette d'alarme :
« Les Gazaouis n'ont plus rien. Certains en sont réduits à manger de l'herbe, des épices, ou de la nourriture pour animaux ! Des personnes, dont de nombreux enfants, meurent de faim ! Notre priorité absolue reste les distributions alimentaires. Je veux dire aux donateurs qu'ils doivent rester mobilisés à chaque instant : à Gaza, des familles entières ont besoin de vous. Ne les oublions pas ! »
L'autre partie de la Palestine n'est pas épargnée par la crise : en Cisjordanie, la population est en souffrance. L'économique s'est effondrée, le chômage et la pauvreté ont explosé, tout comme l'inflation : l'insécurité alimentaire s'est fortement dégradée. De plus, les tensions sont très fortes, plus de 42 000 personnes n'ont eu d'autre choix que de se déplacer, et vivent dans des camps sous-équipés.
Sur place, le Secours Islamique France (SIF) poursuit ses actions humanitaires, en dépit de la difficulté du contexte : distributions alimentaires, soutien aux petits agriculteurs et éleveurs, accompagnement des plus vulnérables dans le développement d'une activité génératrice de revenus, accès à l'eau, parrainage d'orphelins, soutien psycho-social pour des enfants en détresse...
Depuis le début des hostilités, le SIF s’est associé à d’autres ONG pour appeler à plusieurs reprises à un cessez-le-feu et à l’ouverture d’un corridor sécurisé. Par exemple, nous avons pris part avec 13 de nos pairs à cette tribune, publiée fin décembre par le journal Libération. Un nouveau cessez-le-feu, cette fois-ci permanent, est absolument capital pour accélérer et faciliter l’acheminement ou encore la distribution de l’aide humanitaire à la population civile de Gaza. C'est tout aussi important afin de renforcer encore un soutien qui lui est vital. Dans les conditions actuelles, le danger est constant, que ce soit pour les équipes du SIF, comme pour les bénéficiaires des actions d'urgence.
Des membres de notre staff ont également témoigné dans les médias de leur difficile quotidien à Gaza, comme l'a fait dans le journal La Croix notre collègue Leila. Elle a notamment confié qu'à « cinq reprise, nous [elle et sa famille] avons changé de lieu, en direction du sud, en quête de sécurité. Nous ne l’avons jamais trouvée. » De leur côté, Mahieddine Khelladi, Directeur exécutif du SIF, et Adel K., Chef de Mission, ont tiré la sonnette d'alarme dans le journal Le Monde.
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