LES BÉNÉVOLES DU SIF, LA SOLIDARITÉ AU CŒUR

Portrait - Hadda, dix ans au service des plus vulnérables

Pour développer ses actions sociales en France, le SIF s’appuie en moyenne sur 600 bénévoles actifs par an. Maraudes pour les sans-abri, préparation et distributions de repas et de colis alimentaires, Epicerie solidaire, accueil à la mise à l’abri ou à l’hébergement d’urgence… Très impliqués, ils sont les chevilles ouvrières de dispositifs qui n’existeraient pas sans leur engagement sans faille. C’est le cas d’Hadda, bénévole au SIF depuis plus de 10 ans. Portrait.  

Hadda est l’une des plus fidèles bénévoles du Secours Islamique France (SIF). Préparation des repas et service aux Déjeuners Solidaires hivernaux ou aux Tables du Ramadan, préparation des colis distribués à l’occasion du Ramadan et de l’Aïd Al Adha pour des détenus, maraudes alimentaires et sociales nocturnes en faveur de personnes sans-abris dans les rues de Seine-Saint-Denis… Cette grand-mère de quatre enfants ne compte pas ses heures quand il s’agit d’apporter de l’aide aux plus vulnérables. Très impliquée, elle se souvient que devenir bénévole c’était imposé à elle comme une évidence.

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Ancienne bénéficiaire, bénévole du SIF depuis 10 ans

C’était il y a dix ans. Tour à tour femme de ménage à l’aéroport de Roissy-Charles-de-Gaulle, dans des trains et des hôtels, cuisinière dans des restaurants, tourneuse-fraiseuse en usine, travailleuse à la chaîne et livreuse dans une entreprise de pièces électroniques ou encore auxiliaire de vie, Hadda parvient à gagner sa vie.

Si cette mère de trois enfants paie rigoureusement son loyer, elle peine à joindre les deux bouts, les fins de mois sont très difficiles. Hadda s’en remet donc aux maraudes sociales et alimentaires, devenues indispensables pour qu’elle puisse nourrir sa famille. Mais un soir, puis deux, puis trois, l’attente dans le froid est interminable. Découragée, Hadda doit se résoudre à rentrer chez elle sans avoir aperçu l’ombre d’un maraudeur, se remémore-t-elle :

« Quand les maraudeurs sont enfin revenus, je leur ai demandé pourquoi ils avaient passé tant de temps sans venir nous voir. Ils m’ont répondu qu’ils manquaient de bénévoles. Pour les sans-abri, c’était catastrophique. Moi, au moins, j’étais au chaud et j’avais mes filles à qui parler. Eux n’avaient rien, ils n’avaient pas que faim, je voyais leur misère de mes yeux, ils avaient besoin de soutien moral. C’est comme ça que j’ai décidé de m’engager… »

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Hadda est bénévole au SIF depuis 10 ans

« Des personnes ont vraiment besoin de soutien… »

Cet engagement, Hadda ne l’a jamais lâché malgré un accident de vie. Elle est désormais dans l’incapacité de travailler après s’être cassé une vertèbre du dos en s’occupant d’une retraitée. À l’époque, elle était encore auxiliaire de vie. Hadda est désormais reconnue en situation de handicap. Malgré tout, son empathie demeure intacte à l’égard des personnes en situation de précarité qu’elle croise chaque jour. La bénévole du SIF se confie :

« Les personnes que l’on aide ont besoin de manger, c’est vrai, mais pas seulement, loin de là. Ce sont des êtres humains : ils veulent se sentir respectés, écoutés, vivants. Un simple sourire ou un café chaud leur redonne de la force. Quand ils sont seuls, dehors, ils me disent qu’ils se sentent parfois comme un simple objet dans le paysage urbain. La rue, ça déshumanise… »

Témoin direct d’une précarité qui gagne du terrain chaque jour en France, Hadda est frappée par la diversité de profils des personnes qu’elle rencontre. Pour elle, les clichés sur la pauvreté et les sans-abri n’ont pas lieu d’être. Elle explique :

« Parmi les bénéficiaires du SIF, on trouve toute sorte de personnes. Par exemple, j’ai rencontré un ancien directeur de banque. Tombé dans le coma, il ne se rappelait plus de rien ni de personne à son réveil. Il est tombé en dépression, il est parti errer dans la rue. Je vois aussi beaucoup de femmes qui sont très diplômées, de vrais intellos. Mais elles se sont retrouvées dans la rue du jour au lendemain après avoir été jetées dehors par leur mari ou leurs enfants, et ne savent pas comment s’en sortir… »

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Hadda sert des repas chauds à des sans-abri lors d’un déjeuner solidaire du SIF à Saint-Denis

« Au SIF, on a toujours besoin de bénévoles »

Les visages de tous les bénéficiaires restent gravés dans sa mémoire. Fière d’avoir pu leur apporter de l’aide, Hadda ne le cache pas : toutes les personnes de bonnes volonté sont les bienvenues dans l’équipe de bénévoles du SIF. Elle conclut :

« On a toujours besoin de bénévoles, même si ce n’est que pour une heure et encore plus pendant l’hiver. Donner un peu de son temps, c’est aider avec ses moyens des gens dans le besoin. Parfois, cela peut paraître anodin mais on contribue à sauver des vies en redonnant l’espoir et l’envie de s’en sortir à des personnes qui vivent des situations graves… »