JOURNÉE MONDIALE DES TOILETTES 2023
accélérer le changement

Eau et assainissement :
le manque d’hygiène, un fléau mortel

C’est une crise silencieuse, moins visible que les conséquences directes des conflits, mais elle est bien réelle. Dans le monde, la vie de millions de personnes est en danger à cause du manque d’accès à l’eau potable et à des infrastructures d’assainissement comme des toilettes. En ce moment même, c’est le cas à Gaza, touchée par un embrasement sans précédent : la destruction de ces services essentiels à la santé publique fait dire à l’Organisation mondiale de la Santé « [qu’] une catastrophe sanitaire est imminente. »   

Actuellement, dans le monde, une personne sur deux n’a pas accès à des toilettes sûres*, pourtant essentielles à la santé publique. Derrière cette statistique, ce sont bien des êtres humains qui courent un grand danger : plus de 500 000 enfants, femmes et hommes succombent chaque année à cause de maladies hydriques, tels que la diarrhée, le choléra ou encore le typhus.

Une réalité alarmante, en contradiction avec la reconnaissance par les Nations Unies de l’accès à l’eau potable et à des infrastructures d’assainissement comme des droits humains fondamentaux. En 2023, nous sommes pourtant bien loin du compte : alors qu’il ne reste plus que 7 ans pour remplir l’Objectif de Développement Durable (ODD) 6** et il est nécessaire de multiplier les efforts par 5 pour l’atteindre ! 

Cette situation préoccupe particulièrement le Secours Islamique France (SIF), qui a fait de l’accès à l’eau, à l’hygiène et à l’assainissement l’une de ces priorités. Le dimanche 19 novembre, nous nous associons donc à la Journée mondiale des Toilettes. Organisée sous l’égide des Nations Unies, l’édition 2023 a pour thème l’urgence d’accélérer les changements face à une crise silencieuse, mais meurtrière. Pour approfondir le sujet, vous pouvez également découvrir deux de nos rapports de plaidoyer : Surmonter la crise de l'eau et de l'assainissement et L'assainissement en milieu rural : enjeux et recommandations.

(*)-Rapport conjoint OMS/UNICEF, 2023.
(**)-L’intitulé de l’ODD 6, inclus dans l’Agenda 2030 : Garantir l'accès de tous à l'eau et à l'assainissement et assurer une gestion durable des ressources en eau.

NOS ÉQUIPES PRENNENT LA PAROLE

Notre Chargée de Plaidoyer et notre Référente technique Eau, hygiène et assainissement.

ACTUALITÉS : SYRIE ET GAZA

Syrie : Dans les écoles, le SIF agit face aux problèmes sanitaires

En Syrie, la multiplication des crises n’est pas sans conséquences sur la situation sanitaire. Dans ce pays, le conflit armé, qui dure depuis plus de dix ans, et le récent séisme ont fortement endommagé les infrastructures d’accès à l’eau et les réseaux d’assainissement, parfois même complètement détruits. Pour la population, les conséquences sont terribles : l’eau insalubre est le vecteur de maladies qui se développent et se propagent rapidement.

En 2022, 70 000 cas de choléra relevés, conséquence de conditions d'hygiènes dégradées

C’est le cas du choléra : une épidémie de cette maladie potentiellement mortelle avait été déclarée en septembre 2022. Dans les faits, les chiffres ont confirmé la tendance, puisque 70 000 cas ont été recensés en Syrie cette année-là par l’OMS. Les enfants et les jeunes, particulièrement fragiles, constituent la population la plus  exposée. D’où l’un des projets du SIF : depuis 2013, nos équipes ont réhabilité plus de 260 écoles en portant une attention particulière aux installations sanitaires. Coordinatrice des programmes du SIF en Syrie, Myriam A. explique : 

« Le projet du SIF va au-delà de la réhabilitation physique : des installations sanitaires adéquates créent un environnement propice à la santé, réduisant le risque de maladies et améliorant le bien-être général des élèves et des enseignants. De plus, des latrines propres encouragent la présence régulière des élèves, brisant ainsi les barrières qui pourraient entraver leur éducation. »

Les réhabilitations sanitaires rassurent les parents, inquiets pour leurs enfants

En évoquant des barrières à l’éducation, notre coordinatrice des programmes en Syrie fait référence aux réticences des parents à mettre leurs enfants en danger à cause de mauvaises conditions d’hygiène. Elle indique :

« Le SIF contribue à renforcer l'ensemble de la communauté. Les familles sont plus enclines à envoyer leurs enfants à l'école, sachant que des conditions sanitaires appropriées sont en place, ouvrant ainsi la voie à une éducation plus accessible. »

Plus accessible, et plus inclusive. Outre une séparation claire des toilettes par genre, ce qui n’était pas forcément le cas, par la force des choses, quand les infrastructures étaient en mauvais état, le SIF n’a pas oublié les personnes en situation de handicap. Ainsi, des rampes d’accès, des portes adaptées et des équipements spécifiques ont été intégrés au projet pour garantir la même accessibilité pour tous.

Selon l’Organisation Mondiale de la Santé, « une catastrophe sanitaire est imminente » dans la bande de Gaza

Depuis maintenant près d’un mois et demi, Gaza vit un embrasement sans précédent, chaque jour plus intense. Pour la population civile, les conséquences sont dramatiques, et multiformes. « Dans la bande de Gaza, une catastrophe sanitaire est imminente », alerte ainsi l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), qui s’inquiète de la destruction d’infrastructures d’assainissement et d’approvisionnement en eau.

Pour celles qui sont encore fonctionnelles, un problème se pose : la plupart sont inutilisables, conséquence de la pénurie de carburant. Dans ce contexte, les Nations Unies estiment que la capacité de production d’eau atteint à peine 5 % des niveaux habituels, contraignant les habitants à composer avec… 3 litres d’eau par personne et par jour, logiquement utilisés pour boire, au détriment de l’hygiène.

Dans les abris de l’ONU à Gaza, une seule toilette pour 160 personnes

Afin de compenser ce manque d’eau, la grande majorité de la population puise désormais dans des sources impropres à la consommation humaine, dont des puits agricoles contenant de l’eau insalubre, salée et saumâtre. « Ces solutions de dernier recours suscitent de vives préoccupations quant à la propagation de maladies d’origine hydrique », a expliqué le Bureau de coordination des Affaires Humanitaires de l’ONU. Ces inquiétudes sont d’autant plus fortes que la situation de conflit dégrade fortement les conditions d’hygiène, et notamment avec les contraintes de surpeuplement.

C’est particulièrement le cas dans les écoles et bâtiments des Nations Unies, qui accueillent dans la bande de Gaza plus de 730 000 personnes déplacées. Dans ces infrastructures, qui ne sont pas prévues pour accueillir autant de monde, l’insalubrité règne : en moyenne, il n’y a qu’un cabinet de toilettes pour… 160 personnes, parfois bien plus selon les endroits !

Gaza : les cas de diarrhée multipliés par 16 en un mois

« Nous avons déjà constaté que certaines maladies se propagent », a d’ailleurs témoigné Abna Abu-Hasna, le porte-parole de l’UNRWA, l’agence de l’ONU pour les réfugiés palestiniens. Et, malheureusement, l’OMS lui donne raison : depuis mi-octobre, plus de 33 500 cas de diarrhée ont été signalés, soit environ 16 fois la moyenne mensuelle, principalement chez des enfants de moins de cinq ans.

« Sans toilettes, les maladies mortelles peuvent circuler rapidement, analyse la Référente technique Eau, hygiène et assainissement du SIF. Quand on sait qu’habituellement, à l’échelle mondiale, on estime à 750 le nombre d’enfants de moins de 5 ans qui meurent chaque jour en raison d’une diarrhée provoquée par une eau insalubre, une mauvaise hygiène et des problèmes d’assainissement, on comprend que la situation à Gaza est très grave… »

D’où l’importance d’un cessez-le-feu et de couloirs humanitaires sécurisés pour la mise en place d’une assistance humanitaire vitale pour la population civile, un appel formulé par le SIF à plusieurs reprises avec d’autres ONG depuis le début des hostilités…