JOURNÉE MONDIALE DES TOILETTES 2022

PLAIDOYER - EAU, ASSAINISSEMENT, HYGIÈNE

Le Secours Islamique France (SIF) dénonce le fléau
du manque d’accès à des infrastructures d'assainissement sûres 

L’assainissement de l’eau est crucial, tout autant que l’accès à la ressource elle-même. Insalubre, elle représente une menace très sérieuse pour la santé publique en favorisant la circulation de maladies hydriques potentiellement mortelles, telles que le choléra, le typhus, la dysenterie, ou encore l’hépatite A et la polio. La diarrhée, désagrément considéré comme mineur dans les pays « riches », en fait également partie.
 
Pour les populations les plus vulnérables, les conséquences sont dramatiques : chaque année, au moins 1,5 millions de personnes succombent à cause d’une eau non potable, essentiellement des nourrissons et des enfants*. À notre époque, ces tragédies pourraient pourtant être évitées avec des infrastructures adaptées. En ce 20 novembre, date de la Journée mondiale des toilettes, le Secours Islamique France tire, une fois de plus, la sonnette d'alarme sur ces problématiques cruciales.    
 
(*) Rapport publié par l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) en collaboration avec UNICEF et la Banque mondiale, octobre 2022.
 

ASSAINISSEMENT DANS LE MONDE : QUELQUES CHIFFRES CLÉS

 

  • 3,6 milliards de personnes dans le monde vivent sans système d'assainissement sûr et adapté (1) ;
     
  • 8 personnes sur 10 privées de services de base d’accès à l'eau de base sont implantées en milieu rural (2) ;

  • Les infrastructures d’assainissement gérées de façon sûres bénéficient à 62 % de la population urbaine mondiale mais à seulement 44 % de la population rurale (3) ;

  • Une école sur trois ne dispose pas de toilettes adéquates, plus d’un quart des écoles n’ont pas de toilettes du tout, et 800 enfants meurent à cause de maladies diarrhéiques chaque jour (4) ;

  • Près de 494 millions de personnes pratiquent la défécation à l’air libre, faute de toilettes adaptées (5) ;

  • Au moins 2 milliards de personnes dans le monde utilisent une source d’eau potable contaminée par des matières fécales (6).

Sources : (1) Rapport OMS-UNICEF, 2021 / (2) et (3) Rapport OMS-UNICEF-Banque mondiale d’octobre 2022 / (4) Nations unies, 2021 / (5) OMS, 2021 / (6) OMS, 2021.

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En tant qu’ONG, le Secours Islamique France (SIF) est très préoccupé par la situation. L’Eau, l'Assainissement et l'Hygiène (EAH) est un droit humain fondamental au niveau international. Sa reconnaissance officielle a été renforcée par l’Objectif de Développement Durable 6 (ODD 6), adopté par les Nations Unies en 2015.

L'ODD 6 porte sur l’universalité de l’accès aux services d’assainissement d’ici 2030, donc dans huit petites années. Les États se doivent de déployer dès maintenant des efforts ciblés visant à accélérer les progrès dans les zones rurales.

Il est plus qu’urgent de s’assurer que les populations les plus pauvres ne soient plus laissées pour compte. Ce défi appelle notamment et impérativement la mise en œuvre de politiques ciblées et de mécanismes financiers spécifiques. Les changements nécessaires sont profonds, comme l’explique et le démontre l’un des rapports de Plaidoyer du SIF : Accélérer l’action pour l’assainissement en milieu rural, enjeux et recommandations.

Quelles sont les recommandations du Secours Islamique France (SIF) sur l’assainissement en milieu rural ?

Au travers de ce travail d’analyse et face à ces enjeux cruciaux, notre ONG adresse donc aux États (dont la France) mais aussi aux partenaires techniques et financiers du développement (comme les agences concernées des Nations Unies) une série de recommandations, dont voici le résumé :

A. AU NIVEAU INTERNATIONAL, LE SIF DEMANDE AUX  ÉTATS ET AUX PARTENAIRES TECHNIQUES ET FINANCIERS :

1. D’améliorer la gouvernance mondiale de l’ODD 6 via la mise en place d’une instance intergouvernementale intégrée au système des Nations Unies et dédiée à l’ensemble des problématiques de l’ODD 6.

2. De faire en sorte que l’assainissement, notamment en milieu rural, soit inscrit à l’agenda de la Conférence des Nations Unies consacrée à l’évaluation à mi-parcours de la Décennie de l’action pour l’eau en mars 2023.

3. De rééquilibrer l’Aide publique au développement (APD) du secteur entre l’eau et l’assainissement, et augmenter les montants d’APD pour l’assainissement.

4. D’orienter les flux d’APD vers les services d’assainissement de base en milieu rural et l’élimination de la défécation à l’air libre.

5. De soutenir le Fonds pour l’Assainissement et l’Hygiène. Il doit être en mesure en mesure d’apporter un soutien fiable, prévisible et de longue durée aux pays qui sollicitent le fonds pour la mise en place de leurs politiques et plans d’action en vue d’atteindre l’accès à l’assainissement pour tous.

B. AU NIVEAU NATIONAL, LE SIF DEMANDE AUX ÉTATS :

1. De respecter le droit à l’assainissement au regard du Droit international.

2. D’assurer un leadership politique pour l’assainissement, élaborer des politiques inclusives pour réaliser le droit à l’assainissement.

3. De mettre en place des plans d’action, un système de régulation et de suivi.

4. De combler les lacunes en matière de ressources humaines.

5. De mettre en place des mesures effectives pour ne laisser personne pour compte, notamment via l’amélioration de l’accessibilité économique aux services d’assainissement.

6. De mettre en place des solutions adaptées au contexte de la zone et aux besoins locaux, tout au long de la chaîne d’assainissement, avec des objectifs de long terme et une mise en œuvre flexible.

7. D’appuyer le développement de solutions innovantes à tous les niveaux (infrastructures, mesures d’accompagnement, approche institutionnelle, financement).

8. De favoriser la collecte et la disponibilité des données pour le suivi national et mondial des services d’assainissement.

9. De renforcer la connaissance du secteur et de l’impact des politiques en réalisant des études à l’échelle locale comme nationale afin de sous-tendre les politiques d’assainissement.

10. D’augmenter les financements publics pour l’assainissement. Attirer des ressources financières supplémentaires en mobilisant les financements des partenaires de l’APD, des ménages et du secteur privé.


ACCÈS À L'EAU, À L'HYGIÈNE ET À ASSAINISSEMENT : UN DÉFI MAJEUR, NOTAMMENT DANS LES ZONES RURALES, ET DES ACTIONS À ACCÉLÉRER D'URGENCE

Le manque d’accès aux services d’assainissement reste un obstacle majeur au développement, notamment dans les pays les moins avancés. C’est particulièrement vrai en milieu rural pour les populations pauvres et en situation de vulnérabilité. En l’état actuel des choses, l’atteinte des cibles ODD en 2030 paraît très compromise sans un financement massif du secteur. Les agendas politiques doivent en reconsidérer l’importance, et en faire une priorité.