MALI ET SÉNÉGAL
PROTECTION DE L’ENFANCE ET ÉDUCATION

« Le Secours Islamique France (SIF) favorise l’intégration sociale des talibés » explique Elsa B., notre Référente Éducation et Bien-être de l'Enfant.

Au Mali et au Sénégal, le Secours Islamique France (SIF) développe l’un de ses programmes humanitaires phares, voué à favoriser l’inclusion dans la société des enfants et jeunes talibés, scolarisés dans les écoles coraniques informelles dans des conditions précaires.

En février 2020, Rachid Lahlou, le président du SIF, s’était d’ailleurs rendu au Mali pour la cérémonie de lancement du projet d’intégration de ces écoles dans le système éducatif officiel de ce pays d’Afrique de l’Ouest.

Ce programme est l’aboutissement d’un travail de fond initié par le SIF depuis de nombreuses années et qui vise à améliorer le quotidien de 1650 enfants. Piloté par notre ONG en partenariat avec l’Union européenne, il est mené avec la participation du ministère de l’éducation nationale malien, ainsi que celle de la Fédération nationale des associations de maîtres des écoles coraniques. En plus des projets de terrain, le SIF mène également de nombreuses actions de plaidoyer.

Elsa B., Référente Éducation et Bien-être de l’Enfant au SIF, décrypte notre programme d’inclusion des enfants et jeunes talibés. 

Qui sont les enfants et jeunes talibés ?

E.B. : Âgés de 5 à 30 ans, les enfants et jeunes talibés vivent dans une grande précarité. Ils sont scolarisés dans des écoles coraniques non formelles. Les talibés sont marginalisés : leurs écoles ne sont pas reconnues officiellement. En outre, beaucoup d’entre eux n’ont pas d’existence légale, puisqu’ils n’ont pas d’acte de naissance, et personne pour les aider.

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Au Mali et au Sénégal, les enfants talibés sont marginalisés et étudient en marge du système scolaire officiel

« Le SIF s’assure que les talibés mangent à leur faim. »

Ont-ils été abandonnés ?

Si cela peut arriver, ce n’est pas une vérité générale. Mais les talibés sont livrés à eux-mêmes : les écoles coraniques sont de plus en plus souvent situées en milieu urbain. Ils sont donc déconnectés des communautés où vivent leurs familles, tandis que ces dernières sont trop précaires pour aider les maîtres coraniques à subvenir à leurs besoins.  Bien souvent, les talibés n’ont d’autre choix que de mendier…

Comment le SIF aide-t-il les talibés ?

Nous appuyons les maîtres coraniques pour qu’ils puissent couvrir les besoins de base. Le SIF s’assure que les talibés puissent manger à leur faim. Nous veillons également à leur sécurité, ce qui peut passer par la réhabilitation des écoles. Nos équipes font aussi en sorte de protéger leur santé en réhabilitant des infrastructures d’eau et d’assainissement. Dans certains projets, nous facilitons d’ailleurs leur accès aux soins médicaux via une mutuelle.  

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Le programme du SIF est pensé pour aider les talibés à apprendre les bases fondamentales : lire, écrire et compter

Vous leur ouvrez donc des perspectives d’avenir…

Il y a quelques années, on avait interrogé les élèves en début de programme, la plupart se voyaient devenir maîtres coraniques dans l’avenir. On leur a reposé la question à la fin, après des séances éducatives, psychosociales, récréatives ou auprès de la communauté locale. Beaucoup avaient évolué et s’étaient ouverts, ils s’imaginaient, par exemple, médecin, avocat ou professeur…

« Le SIF fait tout pour donner aux talibés une existence officielle »

Le SIF travaille donc sur le long terme…

Nos équipes accomplissent un travail de fond pour favoriser leur bien-être. On fait tout pour leur donner une existence officielle, rétablir le lien avec leur famille et les sortir de la marginalisation. Par exemple, nous les appuyons auprès de l’administration pour leur obtenir un acte de naissance, ce qui est un droit fondamental. À l’heure actuelle, ils sont laissés pour compte par les politiques publiques : c’est pourquoi nous multiplions également les actions de plaidoyer en leur faveur auprès des décideurs.

*Le programme d’inclusion des enfants et jeunes talibés du SIF au Mali et au Sénégal a été l’un des 10 projets jugés les plus pertinents en 2020 au Forum de Paris sur la Paix parmi les 3000 dossiers initialement présentés.

Sénégal - talibés : Jessica Houara-d’Hommeaux sur le terrain avec le Secours Islamique France (SIF)

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L’expérience l’a profondément marquée. Le vendredi 4 novembre, l’ancienne footballeuse des Bleues, Jessica Houara-d’Hommeaux, est allée avec nos équipes à la rencontre d’enfants et de jeunes talibés dans une daara, située près de Dakar. Sur place, notre ONG mène de nombreux projets pour leur apporter du soutien sur le long terme. « J’ai pris une grosse claque, confie l’ex joueuse du PSG et ambassadrice du SIF. Je ne m’attendais pas à un projet aussi structuré, les talibés ont désormais des vraies toilettes, l’accès à l’eau potable, un tableau… Et, même si ça reste une école coranique, ils reçoivent des cours plus généraux, comme des maths... »

Jessica Houara d’Hommeaux, Ladji Doucouré, Fetih Harek et Harold Correa, ambassadeurs du SIF et sportifs au grand cœur !

Un enseignement plus large, donc, mais aussi des jeux. Pour communiquer avec les talibés, qui parlent wolof, Jessica Houara-d’Hommeaux a utilisé un langage universel, celui du football. « Ils jouaient avec une bouteille, sourit-elle. Je me suis immiscée pour partager un peu avec eux. Les enfants m’ont accepté, et ils s’amusaient à me mettre des petits ponts (elle rit). Les talibés n’ont rien, mais ils arrivent à être heureux : les voir rire et nous remercier, c’était vraiment touchant… »

Un don de trente matelas pour la daraa

L’actuelle consultante de Canal + était accompagnée de son mari, Benjamin d’Hommeaux, et d’autres ambassadeurs de notre ONG : Ladji Doucouré, Fetih Harek et Harold Correa. Ils ont profité de l’occasion pour faire don de trente matelas neuf aux enfants de la daraa. En tout cas, Jessica Houara-d’Hommeaux est repartie gonflée à bloc.

« Bien sûr, les talibés restent très précaires, on a été très touchés quand on a vu la pauvreté dans le quartier, conclut-elle. Mais malgré tout, les actions du SIF font progresser en situation, en partant de très loin, même s’il reste encore beaucoup à faire. Le voir de mes yeux, ça m’a donné l'envie d’encore plus m’investir aux côtés du SIF ! »

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Ladji Doucouré et Harold Correa, deux des ambassadeurs du SIF, ont rencontré des talibés dans une daara, près de Dakar, au Sénégal

Place, ce samedi au Complexe Sacré-Cœur à Dakar, à la SIF Cup Solidaire 2022, notre tournoi amical de football en soutien à l’enfance et la jeunesse du Sahel. Mardi, nos équipes enchaîneront sur l’organisation d’un colloque international sur cette problématique qui tient tant à cœur à notre ONG, toujours à Dakar.