Crise mondiale de l’eau : le temps passe, l’urgence demeure !

Du 10 au 20 juillet 2023, lors du Forum Politique de Haut Niveau pour les Développement Durable, le constat s’est avéré sans appel : alors que 2030 se profile à l’horizon, la réalisation des ODD, et particulièrement de l’ODD 6 sur l’eau propre et l’assainissement, sont en retard. Retour sur une conférence majeure, occasion pour le Secours Islamique France (SIF) de réitérer ses recommandations sur des problématiques cruciales, qui ne peuvent plus attendre.

Enjeu capital de notre époque, la crise mondiale de l’eau est placée au cœur des préoccupations du Secours Islamique France (SIF). Les prises de paroles et débats qui se sont déroulées à New York du 10 au 20 juillet lors du Forum Politique de Haut Niveau pour le Développement Durable (FPNH) ont donc retenu toute notre attention. Alors que le temps passe, l’urgence demeure, tant 2030 paraît proche : il ne reste que 7 ans aux 193 Etats membres des Nations Unies pour remplir les 17 Objectifs de Développement Durable (ODD) qu’ils se sont eux même fixés le 25 septembre 2015, jour de leur adoption par l’Assemblée Générale de l’ONU.
Dès l’ouverture, Li Junhua, a d’ailleurs donné le ton : le Secrétaire Général adjoint des Nations Unies aux Affaires économiques et sociales n’a pas hésité à tirer la sonnette d’alarme en soulignant que seuls 15 % des 140 objectifs avaient été atteint…

Qu’est-ce que le Forum Politique de Haut-Niveau sur le Développement Durable 2023 (FPNH) ?

Chaque année, le FPNH se réunit au mois de juillet au siège des Nations Unies, à New York. Cette Conférence a pour vocation d’examiner et de suivre l’Agenda 2030 pour le Développement Durable, et les Objectifs de Développement Durable (ODD). L’évènement se déroule avec l’appui du Conseil économique et social. Tous les États membres de l’ONU participent, à l’instar de représentants de la société civile.

Pour 2023, le thème défini était Accélérer la reprise après la pandémie de COVID-19 et mettre en œuvre intégralement le Programme de développement durable à l'horizon 2030 à tous les niveaux. Dans cette optique, le point a été fait sur l’état d’avancement de cinq ODD : le 6 (eau et assainissement), le 7 (énergie), le 9 (infrastructures), le 11 (villes) et le 17 (partenariats mondiaux).

Eau et assainissement : que peut-on retenir des discussions sur l’ODD 6 ?

Chacun des 5 ODD du programme de ce FPNH 2023 a fait l’objet d’un examen particulier et approfondi. Pour l’ODD 6, relatif à l’eau et à l’assainissement, les discussions se sont déroulées le 11 juillet :

  • De nombreux intervenants ont salué les résultats de la Conférence de l’ONU sur l’eau, qui s’est déroulée du 22 au 24 mars dernier. Un évènement majeur, tant il s’était fait attendre : la dernière conférence intergouvernementale sur l’eau organisée par les Nations Unies remontait à 1977 ! Le Secours Islamique France s’était d’ailleurs rendu sur place, avait pu rencontrer la délégation française, et avait formulé, en amont, de nombreuses recommandations avec des partenaires via la campagne S-eau-S : des Engagements, pas des Abonnés Absents.

  • Parmi les recommandations du SIF et de ses partenaires figuraient la nomination d’une envoyée spéciale ou d’un envoyé spécial de l’ONU pour l’eau. Sa nomination prochaine a bien été évoquée, ce que le FPNH n’a pas manqué de rappeler.

  • Autre point important souligné le 11 juillet, la production lors de la Conférence sur l’Eau d’un programme d’action concret, dont un quart pourrait être considéré comme « changeant la donne ». Les délégués ont appelé à une collaboration réelle et ont insisté sur l'importance de ne pas perdre davantage de temps dans la mise en œuvre des actions nécessaires.

  • Des appels ont également été lancés en faveur d'une stratégie de l'eau à l'échelle du système onusiens, du lancement d'un processus vers une Convention des Nations Unies sur l'eau, de la création de centres régionaux de sciences et de technologie pour renforcer le partage des connaissances, ainsi que de la participation renforcée des communautés et des autorités locales aux processus multilatéraux.

L’eau et l’assainissement, essentiels pour atteindre les autres objectifs

Les discussions ont également mis en évidence l'importance de lier les différents ODD et de promouvoir une approche intégrée. La cohésion et l'inter-sectionnalité sont essentielles pour atteindre les objectifs. Les liens entre l'ODD 6 et les autres objectifs ont été ainsi été abordés. L'eau et l'assainissement sont absolument essentiels pour atteindre des objectifs tels que la sécurité alimentaire, l'égalité des sexes, la santé, l'éducation, le logement abordable, la paix, la sécurité ou encore l'adaptation au dérèglement climatiques. C’est d’ailleurs cette approche globale que prône le Secours Islamique France dans la construction de ses actions de terrain, conduites par l’Approche basée sur les Droits Humains

Enfin, les actions au niveau local sont essentielles pour atteindre les ODD. Les intervenants ont ainsi appelé les gouvernements nationaux à donner aux dirigeants locaux les pouvoirs nécessaires pour mettre en œuvre les projets nécessaires sur le terrain.

ODD 6 : quelles conclusions peut-on en tirer ?

Un retard plus qu’inquiétant !

« Le cycle de l’eau, un bien commun » : des actions à mettre en place d’urgence

Cette déclaration sonne comme une évidence, mais Csaba Kőrösi, Président de l’Assemblée générale des Nations Unies, a tenu à rappeler lors du FPHN que le cycle de l’eau fait partie des biens communs mondiauxIl faut dire qu’à l’issue des discussions, force est de constater que les délégués ont dû se rendre à l’évidence : les progrès vers la réalisation de l’ODD n°6 sur l’eau potable et l’assainissement s’avèrent en retard, de façon alarmante ». C’est ce que met en évidence le rapport de synthèse présenté lors du Forum, qui rappelle vivement la nécessité d’accélérer le processus.

L’accent a particulièrement été posé sur l'ODD 6 via plusieurs actions clés, capitales pour accélérer les progrès :

  1. Intégrer une gestion plus efficace des ressources en eau ;
  2. Renforcer la résilience climatique ;
  3. Promouvoir la coopération dans le domaine des eaux transfrontalières ;
  4. Améliorer la collecte et le partage des données ;
  5. Diversifier les financements.

Le Secrétaire général de l’ONU appelle à débloquer 500 milliards de dollars pour les pays en développement

L’importance de la finance a d’ailleurs été mise en évidence. Le Secrétaire général des Nations Unies la considère comme un élément essentiel pour faire progresser les ODD. Selon lui, il est urgent de réformer les architectures financières mondiales et d'allégement de la dette. Pour répondre à ces besoins, António Guterres a présenté son plan de relance des ODD.

La stratégie vise à débloquer 500 milliards de dollars par an pour les pays en développement. Ce plan vise à mobiliser les ressources financières nécessaires pour lutter contre la faim, promouvoir l'égalité des sexes et réduire l'extrême pauvreté dans le monde.

En outre, le Secrétaire général de l'ONU a également rappelé que la faim mondiale est revenue aux niveaux de 2005, que l'égalité des sexes pourrait prendre 300 ans à être atteinte et que près de 600 millions de personnes seront encore en situation d'extrême pauvreté en 2030. Face à ces défis, António Guterres a appelé toutes les nations à participer au Sommet des ODD en présentant des plans et des engagements clairs.

Pour le GIEC, la réduction des émissions de gaz à effet de serre doit être une priorité

Le président du Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC), Hoesung Lee, a souligné que le changement climatique aggrave les menaces. Selon lui, l'atténuation et l'adaptation sont plus complémentaires que contradictoires pour les ODD. Le GIEC considère donc que des réductions significatives des émissions de gaz à effet de serre pourraient être la meilleure contribution qui soit au développement durable.

Objectif de Développement Durable 6 - les recommandations du Secours Islamique France :

Les avancées sur la réalisation de l’ODD 6 ne sont pas satisfaisantes, comme l’a mis en lumière le FPNH 2023. Le Secours Islamique France appelle donc, une nouvelle fois, à :

  1. Mettre en œuvre concrètement les engagements pris lors de la Conférence des Nations Unies sur l’eau ;

 

  1. Améliorer la gouvernance mondiale de l'ODD 6 via la mise en place d’une instance intergouvernementale intégrée au système des Nations Unies, dédiée à l'ensemble des problématiques de l'ODD 6.

 

  1. Œuvrer pour l'adoption d'une Résolution de l'Assemblée générale des Nations Unies en septembre 2023, établissant des réunions intergouvernementales régulières sur l'eau et l'assainissement.

 

  1. Plaider en faveur du mandat politique de l'Envoyée spéciale ou l’Envoyé Spécial des Nations Unies sur l'eau, dont la nomination a été encouragée par la France, afin qu'il ou elle puisse piloter la réflexion des Nations Unies sur la gouvernance internationale de l'eau et assurer le suivi des engagements volontaires pris par les États dans le cadre du Water Action Agenda.

 

  1. Les États et acteurs du développement doivent intensifier les efforts pour l’assainissement en milieu rural, encore insuffisamment ciblé en termes politique et budgétaire. L’aide publique au développement (APD) allouée au secteur de l'eau et de l'assainissement doit être rééquilibrée en augmentant les fonds destinés à l'assainissement. Rediriger les flux d'APD vers les services d'assainissement de base en milieu rural et la lutte contre la défécation à l'air libre.

 

  1. Intégrer un segment « eau douce » à la Conférence des Nations Unies sur les océans, que la France s'est engagée à accueillir avec le Costa Rica en 2025.

 

  1. Les États doivent respecter leurs obligations au regard des principes et critères des droits humains à l’eau et à l’assainissement.

 

  1. Les États doivent garantir la participation des communautés et de la société civile aux décisions dans le secteur Eau, Hygiène et Assainissement (EHA), du local à l’international.

 

  1. Les financements publics en direction de l’EHA doivent considérablement être augmentés, que ce soit au niveau national (budgets nationaux) ou au niveau mondial (APD). Ces financements doivent cibler les populations les plus vulnérables.

 

 Les ressources en eau doivent être considérées comme un bien commun par les États et leur partage équitable. Leur gestion durable et leur préservation doivent être garantis.

L’intervention du Partenariat Français pour l’Eau

Le Partenariat Français pour l’Eau (PFE) regroupe plus de 200 acteurs de la société civile, issus des secteurs public et privé. De nombreuses ONG en font partie, dont le SIF. Lors du FNPH, la Directrice générale du PFE, Marie-Laure Vercambre, a insisté sur l’importance d’inclure tous les autres secteurs lors des réunions sur l’eau douce comme l’agriculture, l’énergie et la santé. Elle a porté nos messages sur la nécessité d’accélérer l’action pour atteindre les cibles de l’ODD 6 d’ici 2030, sur l’importance de la nomination d’une ou d’un Envoyé spécial sur l’eau et de l’organisation de réunions intergouvernementales régulières.

 

Et maintenant ? Une nouvelle réunion en septembre

Maintenir l’élan de la FPHN 2023 est crucial

 

En septembre, le FPHN se réunira sous les auspices de l’Assemblée générale des Nations Unies pour procéder à un examen complet de l’état des ODD, répondre à l’impact des crises multiples auxquelles le monde fait face et fournir des orientations politiques de haut niveau sur les actions transformatrices menant à l’échéance de 2030 pour la réalisation des ODD.

Ce Sommet doit aboutir à une déclaration politique négociée. Il est absolument nécessaire de maintenir l'élan créé au cours de ces 10 jours à New-York, car cela jouera un rôle crucial dans le succès du Sommet des ODD en septembre. Ce sommet marquera la mi-parcours de l’échéance fixée pour la réalisation des ODD depuis leur adoption en 2015.

Image

Aller plus loin – Eau, assainissement et hygiène

Deux nouveaux rapports très importants
publiés à l’occasion du FPDH

  • Le rapport Joint Monitoring Program de l’OMS/UNICEF sur les progrès en matière d’accès à l’eau, à l’assainissement et à l’hygiène : « Progrès en matière d’eau potable, d’assainissement et d’hygiène dans les ménages 2000-2022 : focus sur l’égalité des genres ». D’après de document, 2,2 milliards de personnes n’ont toujours pas accès à des services d’alimentation domestique en eau potable gérés en toute sécurité. 3,5 milliards de personnes ne disposent toujours pas de services d’assainissement gérés en toute sécurité. Atteindre la couverture universelle d’ici 2030 nécessite des progrès 6 fois plus rapides pour l’eau potable et 5 fois plus rapides pour l’assainissement, par rapport aux taux de progression actuels.

 



Image

ONG de solidarité nationale et internationale fondée en 1991, le Secours Islamique France déploie des projets humanitaires sur le terrain et des actions de plaidoyer visant à insuffler des changements profonds et durables. Si nos équipes peuvent agir en toute indépendance, c’est grâce à la générosité du public. Nous avons besoin de vous !

bottom-logo.png

10, rue Galvani 

91300 MASSY

Réseaux sociaux

Changer la langue (Traduction automatique)

Copyright © Secours Islamique France - SIF

Rechercher

Don en confianceCertifié Don en confiance