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Syrie : le SIF lutte contre la déscolarisation
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Syrie :
Le SIF lutte contre le décrochage scolaire
Découvrez l’histoire de Barfeen, une petite fille de 11 ans, qui a retrouvé espoir et perspective d’avenir après avoir intégré un programme d’éducation du SIF, pensé pour aider les enfants à rattraper leur retard scolaire cumulé à cause de la guerre. En toile de fond, un objectif : redonner confiance à des enfants en situation de mal-être psychologique, et leur donner les clés pour intégrer le système scolaire normal.
Tout est à reconstruire, en Syrie. Car, les 13 ans de conflits armés ont laissé des traces profondes, notamment en termes d’éducation : selon l’UNICEF, plus de 2, 4 millions d’enfants ne vont pas à l’école. Pour contribuer à apporter des réponses, le Secours Islamique France (SIF) a mis en place en Syrie un programme voué à aider les enfants déscolarisés à rattraper leur retard par l’apprentissage des compétences de base.
L’approche pédagogique dite « Enseigner au niveau approprié » est au cœur de la démarche : plutôt que de dispenser des cours calqués sur le niveau théorique correspondant à la classe d’âge des enfants, les professeurs formés par notre ONG dispensent un enseignement adapté aux connaissances réelles de leurs élèves. En toile de fond, un objectif : les remettre à niveau pour qu’ils puissent intégrer le système scolaire officiel sans se sentir complètement perdus.
En outre, le SIF a pris en compte les lourds traumatismes du passé : ces enfants ont un vécu très difficile, qui freine leur reconstruction personnelle. Les cours sont donc construits de façon inclusive et participative, pour inciter les élèves à prendre la parole, échanger avec les autres, et à reprendre progressivement confiance en eux. Du soutien psychosocial a également été intégré, par des sessions de sensibilisation sur le harcèlement, le travail des enfants et l'hygiène. Ce programme a été d’un soutien très précieux pour de nombreux enfants, dont Barfeen. Découvrez son histoire.
Barfeen, 11 ans : « Avant, j’avais peur de l’école… »

La vie de Barfeen est semée d’embuches depuis toujours. Orpheline de père, cette petite fille a été élevée dans la banlieue rurale d’Alep avec ses quatre frères par une mère très précaire, qui peinait à subvenir aux besoins de ses enfants. Responsable de l’équipe Education et Protection du SIF en Syrie, Maha N. se souvient de sa première rencontre avec la famille : « Avec des revenus limités, et aucune stabilité financière, faire en sorte que Barfeen reçoive une éducation scolaire complète et de qualité était devenue une perspective floue et lointaine, quelque chose que la famille ne pouvait pas se permettre. Elle fréquentait donc l’école la plus proche, au niveau très faible ».
Un niveau très faible, qui n’est pas sans conséquence sur Barfeen, qui prend du retard. C’est ce qu’assure Maha N. : notre collaboratrice évalue alors les acquis de la petite fille comme équivalents à ceux d’une élève de 2e année… alors qu’elle a officiellement atteint la 6e ! « Barfeen pouvait à peine reconnaître les lettres, former des mots ou lire des phrases simples, explique Maha N. En mathématiques, elle pouvait identifier les chiffres mais avait du mal avec les opérations de base, elle n’arrivait pas à différencier une addition et une soustraction. » Des difficultés inquiétantes et inhabituelles pour un enfant de son âge, qui ne sont pas uniquement imputables à la qualité de l’enseignement, mais aussi à un profond mal-être lié aux traumatismes vécus.
« Barfeen était en souffrance, complète Maha N. C’était une petite fille très renfermée, qui évitait le contact visuel, parlait rarement, et n’avait pas d’amis. Ses absences fréquentes, car elle devait aider sa maman, et le harcèlement l’ont marginalisée encore plus. Le risque de décrochage, et d’abandon scolaire était très fort… » C’est au plus fort de ce risque que le destin de Barfeen a pris un tournant inattendu. Dans l’espoir d’une vie meilleure, sa mère a décidé de quitter la banlieue d’Alep pour aller vivre, avec ses enfants, dans la maison de leur grand-mère, à Deraa. « On faisait de la sensibilisation à l’importance de l’éducation dans cette zone, et on a rencontré Barfeen », se souvient Maha N.
Notre responsable Education et Protection explique alors à la mère de Barfeen que sa fille peut être prise en charge par le programme du Secours Islamique France. Une proposition qu’elle accepte, pleine d’espoir, et une bouée de sauvetage salvatrice pour Barfeen. « Quand Barfeen nous a rejoint, se remémore Maha N., elle était silencieuse, hésitante, parlait à voix basse, et n’osait pas participer. Mais petit à petit, grâce à la patience, aux conseils et aux encouragements des enseignants, elle a fait d’immenses progrès. Barfeen a commencé à reconnaître les lettres, puis les syllabes, et enfin les mots entiers. En mathématiques, elle est passée de calculs simples à des calculs plus complexes. »
Ces progrès s’accompagnent de sourires : peu à peu, la petite fille reprend confiance en elle. « Chaque jour, elle était de plus en plus déterminée, indique Maha N. Elle demandait des devoirs supplémentaires, n’hésitait plus à demander des explications quand elle ne comprenait pas, et s’impliquait totalement dans les jeux de groupe ! » Impressionné et touché par la transformation de Barfeen, l’un de ses enseignants lui a même offert des cahiers et des crayons supplémentaires, les payant sur ses deniers personnels, en guise de cadeaux pour l’encourager !
Au moment où nous écrivons ces lignes, en octobre 2025, Barfeen a rattrapé une grande partie de son retard. Elle est quasiment prête à rejoindre le système scolaire officiel, finalité du projet du SIF. « J’aime ce programme, explique Barfeen. Je me suis fait des amis, et j’apprend plein de choses. Je ne m’en pensais pas capable ! Ici, tout m’a été donné pour que je réussisse. Je sens que j’ai de l’importance, que je suis écoutée, que je peux avoir de l’espoir. Avant j’avais peur de l’école. Maintenant, je n’ai même plus envie d’en partir ! »



