Témoignage Inde : Changeons les bidonvilles !
 
 
Lundi, 9 juin 2008
 
Bangalore, dans l’état du Karnataka, compte plus de 800 bidonvilles ! La ville est jonchée d’abris de fortune confectionnés à partir de bouts de bois, de feuilles de cocotier tressées, de sacs plastiques, de vêtements et parfois de tuiles de métal. La mission exploratoire, qui s’est déroulée du 20 mars au 7 avril 2008, a été l’occasion d’une rencontre avec l’histoire, la culture et le peuple indien. En mission pour le Secours Islamique France, je suis allée dans un pays où la misère est partout. Cette mission du Secours Islamique France visait à évaluer des projets de micros crédits. Notre ONG partenaire, FEDINA, a guidé la visite dans l’état du Karnataka.
 
FEDINA est une ONG indienne de développement, active dans cinq états du Sud de l’Inde. Ces programmes de micro crédits sont des modèles de méthodes participatives. L’implication de la population est visible à tous les stades. FEDINA recrute un habitant du bidonville pour amener des bénéficiaires à s’unir en Self help groupe (SHG ou groupe d’entraide). Les SHG mettent parfois en place un système d’épargne. Chaque membre économise de 10 à 100 Roupies par mois. L’argent collecté est placé à la Banque et le groupe peut emprunter une plus grosse somme. FEDINA y a introduit que ces groupes choisissent la famille qui bénéficiera du financement de sa maison.
 
Les bidonvilles d’Inde, lorsqu’ils ne sont pas reconnus par le gouvernement, ont un accès limité, voire inexistant au service d’eau, d’électricité et d’égout. Les femmes plus que les autres membres de la communauté souffrent de l’absence de sanitaires. Elles sortent tard le soir ou tôt le matin soulager leurs besoins dans un lieu à ciel ouvert avec tous les dangers que cela comporte. Le complexe « Dewats » est le dispositif le plus intéressant que j’ai visité : il implique une participation de la population. C’est un grand bâtiment composé de dizaines de toilettes, avec des espaces hommes et femmes, et un espace pour laver le linge. L’utilisation des installations est payante (de 1 à 5 Roupies selon l’usage), l’argent est réutilisé pour l’entretien.
 
Les bidonvilles que j’ai vus en Inde ne sont pas des lieux de désespoir où les gens attendent passivement qu’on leur vienne en aide. Ce sont des lieux dynamiques où la vie se développe et s’épanouie en dépit de grandes difficultés. L’adage « l’union fait la force » ne m’est jamais apparu avec tant de clarté. Ces gens, par leurs actions, donnent tout son sens à l’action solidaire des humanitaires. Le Secours Islamique France va s’associer à FEDINA pour accompagner la transformation des bidonvilles.