COLLOQUE  Lundi 12 novembre 2012 - Palais du Luxembourg Maj le 09/10/12 Après 20 années d’actions solidaires, le SIF invite des personnalités à réfléchir, interagir, débattre sur l’avenir de l’humanitaire pour les 20 prochaines.   Comment mieux répondre, demain, aux défis que posent à l’action humanitaire internationale les bouleversements du monde ? À l’heure des Printemps arabes, quels sont les nouveaux enjeux géopolitiques pour les acteurs internationaux et locaux ? Acteur de terrain, force de proposition et trait d’union entre l’humanitaire du Nord et des pays du Sud, le Secours Islamique France ouvre le débat.

Synthèse

En 2008, le Secours Islamique France organisait un premier colloque au Palais du Luxembourg sur la diversité culturelle et confessionnelle des ONG. Les participants avaient ainsi exploré ensemble les opportunités offertes par cette diversité dans le monde humanitaire.

Quatre ans après, dans le cadre de la célébration de ses 20 ans, le Secours Islamique France a souhaité prolonger cette réflexion, en se situant dans une dynamique prospective pour réfléchir notamment à la façon dont la diversité culturelle et confessionnelle de l’humanitaire peut être mise à profit pour mieux adapter la réponse globale aux grands enjeux de l’action humanitaire dans les années à venir.

L’évènement, parrainé par Madame Bariza Khiari, vice présidente du Sénat, et clôturé par Monsieur Serge Mostura, Directeur du Centre de Crise au Ministère des Affaires Etrangères, a rassemblé près de 200 personnes le 12 Novembre dans l’enceinte prestigieuse du Palais du Luxembourg : professionnels de l’humanitaire, représentants des pouvoirs publics, universitaires, journalistes.

C’est par une série de tables rondes autour des grands enjeux à venir en termes de gouvernance mondiale, avec un focus approfondi sur les bouleversements en cours dans le monde arabe, qu’ont été abordés entre autres le rôle des acteurs non gouvernementaux, les liens à construire entre les organisations caritatives issues de pays musulmans et les ONG humanitaires occidentales, ou la question centrale de la mobilisation des acteurs locaux.

Au coté d’universitaires, comme Bertrand Badie, de diplomates, comme Nassif Hitti, Directeur du bureau de la Ligue Arabe à Paris, ou d’acteurs de terrain comme Pierre Micheletti, ancien Président de Médecins du Monde, le Secours Islamique a donné la parole à des acteurs clés dans la coordination humanitaire globale, comme Atta Al Manan Bakhit, Secrétaire Général adjoint de l’OCI en charge des Affaires Humanitaires, ou Dr. Hany El Banna, Président du Forum Humanitaire, ainsi ou à des acteurs du Sud porteurs d’une vision innovante, comme Jean Bosco Bazié, Directeur Afrique pour Eau Vive.

Les débats, au carrefour des dimensions géopolitique, sociale et éthique, ont réussi à dépasser plusieurs poncifs :

• la mondialisation comme uniformisation ;
• l'islamisme comme danger irréductible ;
• le caractère uniforme de la situation des pays arabes ;
• l'incapacité supposée des acteurs du sud à se prendre en main.

Dans le même temps, des grandes lignes ont émergé de l’ensemble des interventions:

• un état d'esprit partagé : éthique de l'intervention et collaboration ;
• la glocalisation ou l’interdépendance entre le local et le global ;
• le constat d’enjeux forts autour de l’émergence d’une société civile dans le monde arabe
• la réalité d'un humanitaire musulman, qui n'attend pas l'aval des Etats ni des bailleurs de fonds ;
• les attentes décalées entre les Etats, les ONG et les populations bénéficiaires ;
• la nécessité de nouvelles logiques collaboratives entre acteurs, qui aillent au-delà du dialogue vers une action conjointe, et qui soient basées sur des dynamiques au niveau des communautés et du local.

Pour une ONG comme le Secours Islamique France, les discussions sont porteuses d’enseignements particuliers :

• L’organisation se trouve confortée dans la stratégie qui est la sienne de veiller à préserver et valoriser sa spécificité qui constitue un véritable atout, au croisement d’un modèle basé sur l’action humanitaire internationale avec une proximité plus étroite avec les cultures des pays du Sud.
• La nécessité d’aller encore plus loin et d’être force de proposition sur le type de liens noués avec les partenaires dans les différents pays d’intervention.
• L’importance de renforcer encore son implication dans les différents espaces collectifs de concertation ou de coordination, afin de mieux s’y faire entendre et d’être plus à même d’enrichir et d’influencer les orientations prises.

La stratégie d’action du Secours Islamique devrait finalement s’inscrire dans un processus évolutif, fondé sur le triptyque:

• Respecter nos principes humanitaires et les cultures/valeurs locales des populations dans les pays d'intervention
• Coopérer avec les autres ong internationales et les ong locales à travers de véritables partenariats opérationnels, non avec des recettes préétablies mais en réponse à des besoins réels et contextualisés.
• Innover car le monde bouge et que de nouvelles formes de collaboration sont à inventer

Les échanges ont montré que les vrais dangers à venir sont issus des contrastes sociaux internationaux exacerbés par la mondialisation, avec en contre-point une gouvernance mondiale paralysée car basée sur une oligarchie de club. Dans un tel contexte, les sociétés civiles, incluant les acteurs non gouvernementaux de l’humanitaire et de la solidarité internationale, ont un rôle crucial à jouer.

Les actes de ce colloque seront disponibles sous peu, sur demande auprès de Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.

Programme

9h45-11h15

Introduction

Table ronde 1

Les Printemps Arabes : une nouvelle donne pour le monde arabo-musulman

Modérateur : Denis BAUCHARD, Diplomate, ancien ambassadeur, ancien Président de l’Institut du Monde Arabe