SYRIE ET TURQUIE :

PENDANT LE SÉISME «ON PANIQUAIT, ON ÉTAIT AU BORD DU MALAISE À CAUSE DES SECOUSSES, LES GENS CRIAIENT», TÉMOIGNE ALAA S., BÉNÉFICAIRE DES ACTIONS D’URGENCE DU SECOURS ISLAMIQUE FRANCE (SIF). SUR LE TERRAIN, VOS DONS SONT EN ACTION !

À la suite des dévastateurs tremblements de terre en Syrie et en Turquie, à ce jour les plus meurtriers du XXIe siècle, le Secours Islamique France (SIF) a lancé un appel aux dons qui nous permet d’agir en urgence. Après un récapitulatif de notre intervention en cours, découvrez le témoignage d’un rescapé, qui était déjà fragilisé par le conflit armé.

C’est un désastre qui s’est abattu sur la Turquie et la Syrie. En cause, les séismes très puissants du 6 février : le bilan ne cesse de s’alourdir, jour après jour : dix jours après le drame, les autorités dénombrent plus de 40 000 morts. Selon l’ONU, ce chiffre est appelé malheureusement à doubler : les espoirs de retrouver des survivants sous les décombres s'amenuisent de jours en jours. 

Face à une telle catastrophe, agir vite est crucial : le SIF a placé la réactivité au cœur de son intervention. En Syrie, où nous équipes sont basées depuis 2008, nous sommes d’ores et déjà auprès des rescapés pour leur apporter de l’aide d’urgence, tout en suivant, en temps réel, l’évolution de la situation en Turquie en menant des évaluations, et se préparant à intervenir dès que cela sera possible.

Les dons venus soutenir nos actions en Syrie et Turquie nous permettent notamment de :

  • Distribuer des kits d’hygiène : eau potable, savon, brosses à dents, etc. ;
  • Fournir des kits grand froid : matelas, couvertures, etc. ;
  • Envisager la réhabilitation ou l’installation de réservoirs d’eau potable au plus vite, capital pour lutter contre les risques d’épidémies ou de maladies telle que le Choléra ;
  • Préparer et mettre en place le plus rapidement possible la mise à l’abri de familles sinistrées.

Le SIF mène des distributions dans des centres d’abri d’urgence et des écoles épargnées par les séismes.

UN SOUTIEN TRES IMPORTANT : EN SYRIE, LES TRAUMATISMES SE CUMULENT POUR LA POPULATION

Cette aide humanitaire est vitale pour les populations sinistrées. Pour les Syriens, déjà très fragilisés, les séismes sont un nouveau coup très dur. Alaa en est un symbole : cet homme porte physiquement les stigmates de douze années de guerre et reste sous le choc après avoir tout perdu. Nous avons échangé avec lui après lui avoir apporté du soutien lors d’une de nos distributions à Alep, effectuée dès le 10 février dans un abri collectif.

SÉISME : LE TÉMOIGNAGE D’ALAA, BÉNÉFICAIRE DES ACTIONS D’URGENCE DU SECOURS ISLAMIQUE FRANCE.

Il y a quelques années, Alaa et sa compagne vivaient à Alep dans le quartier Al Fardous, cible régulière de bombardements. « La situation était si critique que nous avons dû partir, se rappelle-t-il. On a été déplacés dans un camp, qui était surpeuplé. On y est restés un an et demi… » Dans ce camp, Alaa gagne sa vie dans une usine de sacs en plastique, située dans la zone industrielle de Bustan Aqasr.

Chaque jour, il emprunte la même route pour aller travailler. Sans problème majeur, jusqu’au jour où un drame va faire basculer sa vie : « Une balle reçue sous le genou a brisé mon os, sectionné le nerf et touché mes veines. J’ai été opéré plusieurs fois et j’ai souffert d’infections bactériologiques… »

Malgré les soins reçus, Alaa ne s’est jamais complètement remis de ce drame. « La blessure m’a rendu handicapé, indique-t-il. L’infection a été soignée, mais j’ai besoin d’une greffe de peau et peut-être d’une opération au tendon. Je peux marcher, mais la consolidation s’est mal faite. Je ne peux pas bouger ma jambe blessée : si je peux la sentir, j’ai l’impression que c’est une pierre. »

Bustan Aqasr, donc, puis les gouvernorats de Tartous et de Hama… C’est très diminué que Alaa, accompagné de sa femme, a enchaîné les déplacements forcés, avant de revenir à Alep. « La situation s’était calmée », soupire celui qui garde un souvenir traumatisant des séismes du 6 février.

Comme toutes les populations des régions touchées par ces séismes, Alaa et sa femme ont été réveillés en sursaut. « Soudain, j’ai entendu comme un bruit bizarre, j’ai pensé que c’était un train, explique-t-il. Le son est devenu plus fort, puis il y a eu une secousse importante. Juste après, ma femme s’est levée et m’a dit de faire la même chose car il y a un séisme ! Je ressentais des étourdissements, je tremblais, tout le sol vibrait… » 

Pour Alaa, la situation est alors critique. La puissance des secousses est telle qu’il lui est impossible de tenir debout pour prendre la fuite : « Ma femme est allée dans l’autre pièce. Je voulais la suivre, mais je n’arrêtais pas de tomber, ma jambe m’empêche de marcher correctement. J’ai dû ramper pour m’en sortir. »

Autre problème majeur, la localisation de l’appartement, perché au 5e étage d’un immeuble. « On a eu du mal à descendre les escaliers, se rappelle-t-il. Ensuite, le deuxième tremblement de terre s’est déclenché, il pleuvait très fort, on est restés dans l’entrée de l’immeuble. »

Une fois le calme revenu, Alaa et sa compagne ont pu se rendre dans un abri d’urgence. « On était pris de panique au moment des secousses, les gens criaient, conclut-il. Les équipes du Secours Islamique France nous ont aidé, elles ont aussi soutenu toutes les femmes et les enfants qui sont ici… »

Comme Alaa et sa compagne, d’innombrables personnes ont vécu l’enfer à cause de ces séismes. En Syrie et en Turquie, les besoins sont immenses. Ces tremblements de terre sont devenus les plus dévastateurs jamais survenus dans cette région du globe, devant les 17 000 morts du séisme d’Izmit (Turquie) en 1999. Globalement, l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) estime que 26 millions de personnes ont été sinistrées, dont 5 millions qui étaient déjà très vulnérables.

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