Le Secours Islamique France à l’ONU !

 

Pour le Sommet des Nations Unies sur « la gestion des déplacements massifs de réfugiés et de migrants »

 
 
L’assemblée générale des Nations Unies, qui se déroule à New York, accueille aujourd’hui un Sommet consacré à la question de la gestion des « mouvements massifs de réfugiés et de migrants ». L’objectif affiché est de parvenir à une meilleure coordination de la réponse humanitaire aux phénomènes migratoires et de construire une gouvernance internationale des migrations. Cette réunion de haut niveau est présentée comme étant une « occasion historique », un « véritable tournant » pour améliorer la gestion des migrations et instaurer un « système plus responsable et prévisible ». 
 
Aujourd’hui on compte plus de 244 millions de migrants internationaux à travers le monde. La mobilité est une caractéristique inhérente à l’humanité. Les raisons de ces migrations sont multiples et peuvent être imbriquées : les motivations personnelles, la pauvreté, les catastrophes naturelles, la crainte de persécution, les conflits, ou les violations des droits humains. La très grande majorité des migrants se déplacent par choix, mais le ratio de déplacés forcés augmente. Parmi ces 244 millions de migrants internationaux, le Haut commissariat aux réfugiés a comptabilisé 65.3 millions de déplacés forcés en 2015. C’est principalement le résultat de la multiplication des conflits à travers le monde, qui s’intensifient et sont de plus en plus complexes. 
 
Face aux « déplacements massifs » de migrants, les Etats ont failli à apporter la protection nécessaire à ces populations. De plus en plus, des politiques sont mises en places afin de criminaliser les migrations et la liberté de circulation devient de plus en plus compromise selon la nationalité et le passeport que l’on détient. Politiques d’accès aux visas de plus en plus restrictives,  fermeture en chaîne des frontières sur le territoire européen, création de « hot spots » en Grèce pour trier les personnes selon leur nationalité, externalisation des politiques migratoires par les Etats européens, conclusion de l’accord UE-Turquie malgré les inquiétudes sur la situation de violence et de violation des droits humains en Turquie, des camps de détention off-shore inhumains en Australie... la liste est longue et non exhaustive. Dans les pays en développement, qui accueillent environ 80% de la population migrante mondiale, les mêmes réactions apparaissent : le Kenya par exemple a annoncé récemment la fermeture du camp de Dadaab et menace de refouler 350 000 Somaliens dans leur pays d’origine, le Pakistan pousse les réfugiés afghans installés sur son territoire à retourner chez eux malgré la violence qui persiste dans leur pays, etc.
Pourtant, il semble malheureusement nécessaire de le rappeler, les migrants ont les mêmes droits et les mêmes libertés attachés à n’importe quel être humain, indépendamment de son statut ou de sa nationalité. Alors que ces politiques sont inefficaces car elles ne peuvent empêcher la mobilité, elles condamnent de façon inacceptable les migrants à emprunter des routes plus dangereuses, au péril de leur vie. Dans notre monde globalisé, changer la perception sur les migrations, choisies ou non, et améliorer la gouvernance des migrations devient une urgente nécessité.
Bien sûr, on ne peut pas dire que la communauté internationale soit restée sans réactions face à ce que l’on a appelé « la crise migratoire », mais les résultats de ses initiatives ne sont toujours pas à la hauteur des défis. Depuis 2015, l’Union européenne a enchainé les réunions de haut niveau pour tenter de définir une approche globale sur les migrations, avec le succès que l’on connait ; plusieurs conférences des donateurs pour un soutien à la Syrie et à la région ont eues lieu, mais avec une mobilisation plus que tardive et une délivrance des fonds très insuffisante. En mai 2016, le premier Sommet humanitaire mondial fut organisé avec en trame de fond la « crise des migrants », sans pour autant positionner les Etats sur de nouveaux engagements sur la question.
 
Ce sommet à l’ONU sur « la gestion des déplacements massifs de réfugiés et de migrants » sera-t-il donc à la hauteur ? Fin avril, le Secrétaire Général des Nations Unies avait publié un rapport invitant les Etats à instaurer un « global compact », c’est-à-dire un « pacte » ou « accord » global entre les Etats qui permettrait de faciliter la gestion des migrations et d’améliorer la réponse humanitaire. Il incite notamment à mettre urgemment en place une responsabilité partagée pour que les efforts ne reposent pas uniquement de façon disproportionnée sur les pays voisins des pays d’origine et il propose un mécanisme de réinstallation « pour au moins 10% de la population totale de réfugiés chaque année ». Sur la base de ce rapport, les Etats ont engagé les négociations, mais malheureusement, parvenir à un accord ambitieux semble encore peu probable.
Déjà, et ce malgré l’urgence de la situation, plusieurs Etats ont rejeté la notion de « global compact », qui est repoussée à 2018. Ce sommet serait donc un premier jalon en vue de cet accord global. La première version du document réaffirme les grands principes, mais ne vas pas plus loin, ne proposant  pas des mécanismes de renforcement pour la mise en œuvre et le contrôle du respect de ces principes. Plusieurs formulations affaiblissent même certains mécanismes de protection des migrants ! Par exemple, les Etats ne condamnent pas la détention des enfants (et au contraire la présume) et s’engagent seulement à travailler à y mettre fin ; autre exemple : le document propose que la possibilité du retour volontaire ne soit pas conditionnée au fait que la situation politique dans le pays d’origine soit sûre. 
 
Malgré ces nombreuses limites, le Secours Islamique France encourage les Etats à persévérer dans cette démarche de dialogue et de construction pour une meilleure réponse humanitaire en faveur des personnes migrantes et une nouvelle gouvernance pour les migrations. Des solutions concrètes se doivent d’être trouvées afin d’assurer la sécurité et la dignité de ces personnes. Le Secours Islamique France exhorte les Etats à s’engager davantage et proposer des solutions concrètes.
Dans l’immédiat, le Secours Islamique France, dans la note de positionnement co-signé avec le réseau MADE (Migration and Development civil society network) et une centaine d’autres organisations (Civil society joint statement and ‘scorecard’), appelle les Etats à mettre en place les actions suivantes :
 
-  Agir dès à présent par la mise en œuvre d’un plan d’action sur le terrain en direction des migrants, notamment par des actions de sauvetage en mer, la mise en place de routes migratoires sûres, ordonnées et régulières, assurer la protection des migrants
-  Mettre en place des mécanismes de responsabilité partagée équitables et prévisibles entre Etats pour l’accueil des migrants, notamment en mettant tout en œuvre pour prévenir et résoudre les causes des migrations forcées, et développer un accord global sur les réfugiés
-  Revoir les politiques frontalières afin d’assurer le respect des droits humains
-  S’engager à mettre fin à la détention de mineurs
-  S’engager au développement d’un accord global sur les migrations, pour des migrations sûres et régulières, en associant les acteurs de la société civile, et plus particulièrement les migrants.
-  Mettre en œuvre au niveau étatique des campagnes pour contrer les discours xénophobes, racistes et discriminatoires
-  Œuvrer pour la mise en œuvre de mesures concrètes afin d’améliorer la protection et l’assistance en faveur des personnes déplacées internes. 

 

Egalement en marge de l’assemblée générale, demain, le 20 septembre, un sommet des dirigeants sur les réfugiés sera organisé. Cette initiative du Président des Etats-Unis, M. Barack Obama, appelle les gouvernements à prendre de nouveaux engagements en faveur des réfugiés. Car le Sommet présidentiel distingue la question des « réfugiés » de celles des migrants ici, tandis que la réunion organisée par l’assemblée générale le 19 septembre se penche à la fois sur les « réfugiés » et sur les « migrants ». 
 
 
 

 

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