Lettre ouverte pour l'amélioration de l'accueil des demandeurs d'asile

 
Mise à jour : 24 août 2016 - Pour connaître nos actions récentes auprès des réfugiés, migrants et exilés, rendez-vous sur refugies.secours-islamique.org
 
Des familles séparées, des enfants en errance, des situations de détresse sanitaire et sociale… nous, associations, appelons les pouvoirs publics à améliorer l’accueil des personnes évacuées des campements de Paris et du bidonville de Calais.
 
 
Madame la ministre, Monsieur le ministre,
Dans  le contexte de tensions et d’inquiétudes que traverse la société française, nos associations sont convaincues de l’urgence d’investir davantage dans les politiques de solidarité et de cohésion sociale. En ce sens, les associations signataires de ce courrier souhaitent vous solliciter à nouveau afin de remédier aux graves difficultés du dispositif d’accueil, d’hébergement, d’accès à la procédure d’asile et d’intégration des personnes exilées présentes sur notre territoire.
 
Face à l’augmentation de la demande d’asile qui se poursuit en 2016 (80 000 soit +23 % en 2015)  et à la multiplication des situations de vie indignes pour les personnes qui ont fui leur pays (14 000 personnes évacuées des campements à Paris, plus de 7000 personnes dans le bidonvillede Calais), nous demandons depuis plusieurs mois aux services de l’Etat la présentation d’un plan interministériel d’accueil national élaboré avec les associations, à la hauteur de la situation et des engagements pris par le gouvernement dans le cadre de la réforme de l’asile.
 
Nous saluons l’annonce de l’ouverture de 3000 places supplémentaires en centre d'accueil et d'orientation (CAO) et la création de sites d’accueil temporaires humanitaires à Paris d’ici la fin de l’année. Si ces décisions sont positives,elles doivent être engagées rapidement et selon des modalités respectueuses des droits des personnes.  Récemment, les évacuations des campements ont pris une tournure inacceptable, cumulant des cas de séparation de familles, le non hébergement des personnes évacuées, des contrôles administratifs accrus et l’émission d’obligation de quitter le territoire à des personnes souhaitant demander l’asile. En outre, l’orientation massive de plusieurs centaines de personnes dans des structures inadaptées, en gymnase ou à l’hôtel, témoigne également de la situation critique en Ile de France. A Marseille, des familles avec de très jeunes enfants en demande d’asile sont en errance ou menacées d’une remise à la rue faute de crédits disponibles pour les héberger. Cette situation inquiète associations et services de l’Etat : il est primordial d’y remédier rapidement.
 
Avant toute chose, nos associations demandent d’urgence
 
qu’il soit mis fin aux évacuations de campements en l’absence d’hébergement disponible ainsi qu’aux notifications d’obligation de quitter le territoire aux exilés souhaitant demander l’asile. L’unique conséquence de ces pratiques est de fragiliser encore davantage les exilés vivant à la rue dans l’attente de pouvoir demander l’asile.
 
Nous demandons également à ce que la circulaire du 26 août 2012 publiée par vos services et relative à l’évacuation des campements soit appliquée, et que les évacuations aient lieu dans le respect de la dignité des personnes.
 
Ensuite, nous proposons l’ouverture de sites d’accueil temporaires humanitaires dans plusieurs métropoles afin d’éviter la saturation prévisible du site parisien. Plusieurs dizaines de milliers de places nouvelles en centre d’hébergement et en centres d’accueil pour les demandeurs d’asile (CADA) seront également nécessaires pour couvrir les besoins élémentaires de personnes qui arrivent en France dans une situation d’extrême détresse sanitaire et sociale et respecter les principes d’un droit à l’hébergement et à l’accompagnement posés dans la loi asile. Sans méconnaitre les difficultés locales rencontrées pour redimensionner le parc d’hébergement et de logement,  nous pensons que des locaux publics sont disponibles et pourraient être utilisés dans un grand nombre de territoires, y compris par voie de réquisition lorsque cela est nécessaire. Dans l’attente de ce plan, toute nouvelle opération de démantèlement des campements du Calais se traduirait par une dégradation inacceptable des conditions de vie des personnes.
 
Par ailleurs, les associations de solidarité s’inquiètent de la multiplication des consignes données par les services de l’Etat aux 115 et SIAO pour ne pas héberger des personnes « à droit administratif incomplet » (Vaucluse , Bouche du Rhône…),. Le Conseil d’État a certes considéré dans une décision de section du 13 juillet 2016 que les déboutés du droit d'asile et les personnes faisant l'objet d'une obligation de quitter le territoire, n'ont pas « vocation à bénéficier du dispositif d'hébergement d'urgence » mais il a également jugé que les personnes en détresse peuvent y accéder dans des circonstances exceptionnelles. Si cette décision est interprétée comme permettant de remettre en cause l'inconditionnalité  de cet accueil, cela conduira à jeter à la rue, en plein été des dizaines de familles.  Pour lever toute forme d’ambiguïté, nous vous demandons la publication d’une instruction ministérielle aux préfets appelant au respect du principe d’accueil inconditionnel des personnes en situation de détresse sur l’ensemble du territoire. Sur ce point, nous tenons également à réaffirmer que la tournure policière qu’ont récemment prises les évacuations parisiennes est inacceptable pour nos associations, le contrôle des populations étant fondamentalement incompatible avec les principes du travail social et l’objectif de mise à l’abri des personnes en détresse.
 
Nous pensons également que si la création des  CAO qui accueillent aujourd’hui près de 1 500 personnes représente une réelle avancée, leur fonctionnement peut encore être amélioré. L’État a engagé un travail utile de concertation avec les associations autour d’une charte de fonctionnement de ces établissements, permettant des progrès sur l’information des personnes au départ des campements, l’orientation des mineurs non accompagnés et l’information des centres d’accueil sur la vulnérabilité des publics accueillis. Cependant, la présence d’un seul travailleur social pour 30 personnes hébergées, l’absence de prestation d’interprétariat, d’aide d’urgence pour la vie quotidienne et de garantie sur les normes d’accueil nuisent fortement à la qualité de l’accompagnement proposé. Une articulation effective avec les services d’accès aux soins  compte tenu de l’état de santé dégradé des personnes exilées,  des traumatismes liés à l’exil et de la faiblesse de la couverture santé de ces populations, est également nécessaire. En outre, la règle posée dans ces centres d’un départ des personnes au bout d’un mois « si aucune démarche n’est engagée » est contraire au droit et ne fera qu’alimenter le flux des personnes contraintes de vivre à la rue ou de rejoindre des campements indignes.
 
Accueillies en CAO, la situation des personnes  « Dublinées » est inquiétante car elles vivent sous la menace permanente des assignations à résidence et d’un transfert « forcé » dans le pays d’arrivée de l’UE. Nous demandons au gouvernement un engagement clair pour qu’aucune des personnes accueillies en CAO ne  fasse l’objet d’une mesure coercitive après leur séjour en CAO, une fois orientées vers un autre hébergement.
 
Enfin les mineurs étrangers non accompagnés qui sont particulièrement vulnérables doivent être protégés. L’ouverture prochaine d’un site d’accueil de 72 places à Calais –attendue depuis plusieurs mois- est une première réponse. Mais il faudra d’autres initiatives de ce type pour répondre à la situation dramatique de plus de 300  à 500 mineurs recensés dans le bidonville.
 
La crise humanitaire qui touche les personnes migrantes, exilées ou réfugiés exige la présentation, dès la rentrée, d’un plan d’ensemble qui intègre, outre l’hébergement, l’amélioration du premier accueil, de l’accès à la procédure d’asile et une politique d’intégration par le logement, l’emploi et l’éducation/formation à la hauteur des enjeux. Ce plan devra également présenter des solutions pour les territoires d’outremer, notamment la Guyane et Mayotte, qui font face à une situation catastrophique du fait de la saturation des dispositifs, des tensions entre communautés et de la dégradation des conditions de santé des étrangers.Nous sommes à votre entière disposition pour contribuer à l’élaboration et à la mise en œuvre de cette politique.
 
Dans l’attente d’une rencontre à la rentrée sur ces sujets, nous vous prions de croire, Madame la Ministre, Monsieur le Ministre, en l’expression de nos sentiments distingués.
 
Associations signataires :

FNARS
Secours Catholique Caritas France
France Terre d’Asile
La Cimade
Médecins du Monde
Secours Islamique France
UNICEF
Salam NPDC
Auberge des migrants
Croix Rouge Française
Fondation Abbé Pierre
Emmaüs France
 
 

solidarité pour les Réfugiés/migrants 

 
De nouveaux centres d'accueil sont ouverts
 
Mercredi 27 juillet.
17 000 personnes ont besoin d’un hébergement d’urgence en Ile-de-France suite au démantèlement de la zone sud du bidonville de Calais. Une situation qui met à rude épreuve les associations à vocation sociale comme Emmaüs, la Croix-Rouge, Aurore, le Secours Islamique France, et bien d’autres… qui sous 24 heures parfois doivent répondre aux sollicitations du Ministère du Logement et des Préfectures de région. Antoine Osbert, Coordinateur des projets du Département 91 au SIF, témoigne de la difficulté de mobiliser des ressources humaines en si peu de temps pour accueillir des centaines de personnes :
4 nouveaux centres sont gérés actuellement par le SIF, plus un gymnase. La dernière demande concerne 320 migrants ce qui met une pression incroyable à nos équipes notamment bénévoles. Le manque d’effectif devient très compliqué à gérer, et particulièrement lorsqu’il y a un manque d’anticipation dans la politique d’accueil des réfugiés et demandeurs d’asile.
Rappelons-le l’Etat français s’est engagé à accueillir 26 000 réfugiés en deux ans. Même si de nombreuses demandes d’asile ont déjà été admises, le principal défi aujourd’hui est de proposer des solutions durables et sociales et non pas de maintenir ces situations d’urgence.
 
une situation critique sans fin
 
Vendredi 22 juillet, 6h30 du matin. Station de métro Jaurès, Paris, 19ème arrondissement. Pour la 26ème fois en un an, les forces de l’ordre  évacuent un camp de migrants qui n’a cessé de se reconstituer. Entre 1 200 et 1 400 personnes doivent être orientées vers des centres d’hébergement en région Ile-de -France. Bien que provisoire, cette réponse n’est pas pour autant adéquate.

Une nouvelle fois, le SIF a été sollicité pour gérer des centres d’hébergement mis à disposition et accompagner la réinstallation des personnes. Les capacités d’accueil des Mises à l’abri (MAB) du SIF étant saturées à Massy (70 personnes) ou Sevran (20 personnes), c’est en dehors de nos structures que nous intervenons dorénavant pour venir en aide aux réfugiés. La plupart sont Afghans, Soudanais et Erythréens, certains ont déjà déposé leur demande d’asile, d’autres sont en phase d’entamer la procédure.

Dans ce cadre, le SIF — solidaire envers les réfugiés, migrants et demandeurs d’asile — porte désormais assistance à ces derniers dans 4 nouveaux centres. En effet, c’est 60 places à l’hôtel Relais de Thiais, 60 places à l’hôte Relais de Clamart, 60 places à l’Hôtel d’Epinay sur Seine et 40 places à l’Hôtel d’Aubervilliers qui ont été confiées à notre organisation. Face à l’ampleur de la situation, nous avons aussi pris en charge la gestion d’un gymnase accueillant 120 migrants, situé dans le 20ème arrondissement de Paris.

Dans l’urgence, nos équipes et nos bénévoles ont été réactifs pour fournir des kits d’hygiène, apporter de la nourriture et acheminer du matériel pour la gestion des douches et des dortoirs. Il faut dire que ce n’est pas la première fois que le SIF doit réagir vite face au démantèlement de camps ces derniers mois.
 
Et malheureusement ce ne sera peut-être pas la dernière fois…
 
 
démantèlement de camps à paris : venir en aide aux réfugiés et migrants
 
Vendredi 22 juillet 2016. Paris démantèle aujourd'hui encore un camp de réfugiés/migrants installés dans le 19e arrondissement. Le 29 juin dernier, le démantèlement du camp de migrants installé devant la halle Pajol (18e arrondissement de Paris) avait déjà impliqué la relocalisation de quelques 500 personnes. Ainsi, la préfecture de Paris avait mis a disposition plusieurs centre d’hébergement en Ile-de-France. Les capacités d’accueil des Mises à l’abri (MAB) du Secours Islamique France étant saturées à Massy ou Sevran, c’est en dehors de nos structures que nous intervenons pour venir en aide aux réfugiés. Ainsi, nous sommes mobilisés auprès de plus de 100 réfugiés accueillis au Relais Palaiseau. Nous leur avons notamment distribués des sacs de nourriture ainsi que des tongues pour l’été. La plupart sont Afghans, Soudanais et Erythréens et ont déposé leur demande d’asile. Certains commencent à parler quelques mots de français.

Fhalim nous emmène voir sa chambre qu’il partage avec une autre personne :
C’est relativement petit pour deux, mais nous y sommes quand même biens. Par contre les plaques de cuisson marchent une fois sur deux et ça c’est plutôt embêtant !
Malgré les difficultés de sa situation Fhalim garde le sourire.
Un camp humanitaire décent devrait être construit d’ici la fin du mois de septembre dans Paris pour désengorger les centres d’hébergements réquisitionnés, comme l’a fait savoir la maire de la capitale, Anne Hidalgo.
 
 
LA MISE A L'ABRI POUR HOMMES DE MASSY ROUVRE SES PORTES !
 
Suite au bon déroulement de l’accueil des personnes en difficultés, la Direction Régionale de la Cohésion Sociale nous a sollicité pour prolonger l’ouverture de la MAB Hommes de Massy, malgré la fin du Plan Hivernal. C’est avec joie que nous poursuivons notre mission sociale à œuvrer auprès de ceux qui en ont besoin et que nous nous sommes mobilisés afin d’ouvrir les portes de la MAB dès lundi 2 mai.
 
 
LES Mises à l’Abri POUR Hommes ferment ses porteS
 
Comme chaque année, durant le Plan Hiver, le SIF s’est activé : 84 maraudes sociales, 9 hébergements au foyer Adoma et 45 déjeuners distribués par jour pour les sans-abri à « Ma Maison » à Saint-Denis. De plus, 3 mises à l’abri pour hommes et femmes leur ont permis de passer la nuit au chaud. Celle de Sevran a accueilli 64 personnes orientées par le 115. Grâce à un partenariat avec l’Hôtel Social du 93, plus de 40 personnes ont été dirigées vers d’autres structures.
Pour maintenir un lien de proximité avec les hébergés, le SIF a organisé plusieurs soirées de convivialité mais le 30 mars, en présence des bénévoles, nous avons mis en place un dernier moment d’échanges avec les usagers afin d’avoir leur sentiment sur l’hébergement. Quant à la Mise à l’abri de Massy, la clôture s’est symbolisée, le 14 avril dernier, par une soirée grillades mettant à l’honneur les usagers, préparée par les encadrants et les bénévoles. Des moments conviviaux mais empruntés de tristesse à l’annonce de la fin du plan hiver.