Maroc : De l’eau potable pour les campagnes et leurs écoles, un défi majeur 

Mis à jour le 22/09/14

Au Maroc, le taux d’accès à l’eau en milieu rural est passé de 14% en 1995 à 90% en 2009. Cependant, il existe de grandes disparités selon les communes : des villages restent enclavés et il est difficile pour les autorités publiques de leur fournir à tous un accès à l’eau durable. Les écoles rurales sont également touchées par un déficit en infrastructures sanitaires (accès à l’eau et aux latrines), une des causes du décrochage scolaire concernant particulièrement les petites filles. 350 000 enfants sont déscolarisés chaque année avant l’âge légal de 15 ans*. Les conséquences sont visibles notamment sur le travail d’enfants, phénomène ayant impliqué près de 123 000 enfants en 2013 selon le HCP**.

Pour réduire les risques d’une telle déscolarisation et aussi les risques de maladies hydriques, le Secours Islamique France/Maroc a décidé d’agir au sein de la Province de Midelt, située à plus de 150 km au sud de Fès.

* Source : UNICEF
** Haut Commissariat marocain au Plan

 

Accès à l'eau potable: pourquoi?

Le projet se déroule dans les douars d’Aït Saïd Omar, El Haouza Tagrirte, Tamelkant, Tiziwaylane, Tafendast, Almou et Merzgheryane, commune rurale de Gourrama, cercle d’Er Rich, province de Midelt, région de Meknès-Tafilalet.
Nous avons pu remarquer qu’à l’échelle locale, des écoles de nombreux douars ruraux ne bénéficiaient pas d’infrastructures de base, notamment en termes d’accès à l’eau et aux latrines.

Deux contextes écologiques nous intéressent particulièrement, le contexte climatique et hydraulique. Au niveau régional, il existe trois grandes zones climatiques :

  • Une zone qui se caractérise par un climat semi continental de type méditerranéen, dont les hivers sont frais et pluvieux et les étés chauds et secs et qui se localise principalement au sein de la préfecture de Meknès, et de la province d’EL Hajeb.

  • Une seconde zone où les hivers sont plus rudes et enneigés, marquée par de grandes amplitudes de températures entre l’été et l’hiver. Elle s’étend, sur le Moyen-Atlas et la Moulouya.

  • Enfin une dernière zone à climat désertique, s'étendant sur l’ensemble de la province d'Er Rachidia et une partie de la province de Midelt, dont Gourrama.

Notre objectif est de soutenir le développement rural au sein de la province de Midelt en réduisant la prévalence de risques de maladies hydriques communautaires dans la commune de Gourrama et en limitant le risque d'abandon scolaire, spécifiquement le risque de déscolarisation des filles.

 

Actions SIF/Maroc réalisées en 2012 et 2013, (commune de Gourrama, province de Midelt) :

- Mise en place d’une borne fontaine communautaire et d’un comité de gestion: construction d’un château d’eau, pose d’une pompe électrique et de panneaux solaires photovoltaïques, village de Marzgheryane

- Mise en place de latrines à l’école primaire de Marzgheryane : construction d’un point d’eau et d’un bloc de 3 latrines selon les normes Wash In School.

Réhabilitation du bloc sanitaire (accès à l’eau et aux latrines) et branchement au réseau d’eau du collège-internat de Tagrirte (Commune de Gourrama).

Des séances de sensibilisation ont été menées envers petits et les grands concernant l’hygiène (lavage des mains, nettoyage des latrines…) et la préservation de l’environnement. L’école est le meilleur endroit pour acquérir ces réflexes.

218 bénéficiaires directs dont 158 élèves et 6 professeurs et 1308 bénéficiaires indirects.


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Actions SIF/Maroc en cours, (commune de Gourrama, province de Midelt) :

- Adduction d’eau potable (forage de puits (70m)) et construction d’une borne fontaine communautaire dans le village de Tamelkante.

-Test de potabilité de l'eau/contrôle qualité.

- Construction de châteaux d'eau.

- Construction de structures d’assainissement avec protection de la borne fontaine, de l’abreuvoir pour le cheptel et du lavoir, dans les villages de Tamelkante et Merzgheryane.

- Adduction d’eau potable et construction de blocs sanitaires dans 6 écoles primaires (école de Al Haouza Tagrirte, de Aid Saïd Omar, de Tafendast, d'Almou, de Tamelkante, et de Tiziwaylane).

- Pose de pompe électrique émergée et de 2 panneaux solaires photovoltaïques.

- Aménagement de puits et de grillage de protection.

- Création d'un comité de gestion.

A l'école de El Haouza Tagrirte:

- Pose de protection des 2 bornes des fontaines communautaires.

- Construction de 2 lavoirs et d’un sèche linge.

- Construction de 2 abreuvoirs.

- Formation des professeurs aux bonnes pratiques d'hygiène et de préservation de l'environnement.

- Sensibilisation à l'utilisation des installations, à l'hygiène et la préservation de l'environnement.


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Les Résultats ?

  • 1 024 personnes ont directement bénénficié des installations dont 692 élèves (4 152 bénéficiaires indirects).

  • La communauté de Tamelkante à accès à l’eau saine et salubre.

  • L'environnement est plus sûr et plus propre pour les communautés de Merzgheryane et de Tamelkante et leur cheptel.

  • Les écoles sont pourvues d'un accès à l'eau salubre et aux latrines selon les normes sphère et Wash in school.

  • Les écoliers utilisent correctement les infrastructures sanitaires.

  • Dans le douar de Merzgheryane, le comportement des populations bénéficiaires a changé vis-à-vis du point d’eau communautaire. Ils ne vont plus au puits pastoral situé à 2km pour abreuver le bétail mais font désormais boire le bétail autour de la borne. Autre changement, les femmes et les petites filles y viennent faire leur lessive. La borne est devenue un lieu central de la vie communautaire.

 

Témoignages :

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«NOUS POUVONS LAVER NOS VETEMENTS SANS ATTENDRE 2 OU 3 MOIS»


« Avec de l’eau et des latrines dans le collège et surtout dans l’internat, nous pouvons désormais nous concentrer uniquement sur nos études sans penser aux allers-retours que l’on doit effectuer chaque jour pour apporter de l’eau de puits et sans penser à comment et où se cacher à l’extérieur du collège pour faire nos besoins. Nous pouvons faire du sport et prendre notre douche après, laver nos vêtements sans attendre 2 ou 3 mois pour rentrer chez nous et les laver. L’eau nous a apporté un réconfort, une certaine liberté. Dieu a dit : "Nous avons fait de l’eau toute chose vivante" et vous avez apporté à notre collège de l’eau qui a donné de nouveau de la vie à notre quotidien !»

Mohamed (16 ans), élève interne au collège El Ghazali , Tagrirte

 

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« CE N’EST PAS FACILE ET IL FAIT TRES FROID L’HIVER»


« Nous ne sommes pas habitués aux toilettes car nous n’en avons jamais eues. Nous avons appris à les utiliser et c’est bien pour nous car pour se cacher dehors, ce n’est pas facile et il fait très froid l’hiver. L’eau est bonne, nous ne sommes plus obligés de venir à l’école avec notre bouteille d’eau et nous avons appris à nous laver les mains. »

Hamouna (6ans), élève à l’école primaire de Marzgheryane

 

 

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« 2 LATRINES POUR 200 ELEVES »

« Il est frappant de croiser sur les routes ces enfants, âgés parfois de moins de 6 ans, qui font des kilomètres à pied pour rejoindre leurs écoles avec une bouteille d’eau accrochée sur le dos. De nombreuses écoles rurales sont sans accès à l’eau ni latrines. D’autres en sont pourvues mais l’offre est insuffisante. Lorsque l’on s’éloigne des centres urbains, il n’est pas rare de voir dans un établissement scolaire 2 latrines pour plus de 200 élèves ou encore des latrines défectueuses condamnées et des robinets de points d’eau arrachés. Le décrochage scolaire est l’une des conséquences du non accès à l’eau et aux latrines qui touche particulièrement les petites filles en milieu rural. Cela a des conséquences sur le développement des enfants, leur hygiène, leur santé et leur autonomie. Lorsque le problème d’eau est général dans un village et ne touche pas seulement l’école, nous essayons d’y répondre en créant un point d’eau communautaire, un réseau d’eau et des structures d’assainissement pour un projet intégré, durable et géré par les populations qui sont parties prenantes du projet ».

Jérémy Frère-Lopez, Chargé de Projet Maroc