Au cœur de la Syrie avec le président-fondateur du Secours Islamique France (SIF)

Fin septembre, Rachid Lahlou est allé à la rencontre de notre équipe basée en Syrie, qui mène de nombreux projets d’aide humanitaire sur le long terme en faveur d’une population épuisée par dix années de conflit armé. Revenu très marqué par cette mission mais déjà projeté vers l’avenir, il témoigne. 

« La première impression en Syrie, c’est l’incroyable ampleur des dégâts. Cette image reste ancrée dans mon esprit » Le ton posé mais teinté d’une pointe de gravité, le président du Secours Islamique France (SIF-ONG) pioche dans les nombreuses images gardées dans sa mémoire, assis dans son bureau au siège du SIF à Massy (Essonne). Quelques jours plus tôt, il est revenu de Syrie, où il s’est déplacé du 18 au 25 septembre.

En Syrie, le SIF a déployé une équipe de 90 personnes

Il a donc pu se réunir et s'entretenir avec les 90 personnes composant nos équipes, qui sont basées sur place depuis 2008, année où elles ont débuté leurs actions face à la crise irakienne. C'est en 2012 qu'elles ont basculé vers une réponse d'urgence liée à la crise syrienne. Depuis cette date, la mission du SIF en Syrie a mis en place d'importants programmes et construit autant de dispositifs inscrits dans la durée

Réhabilitation d'écoles, de logements et de bâtiments, infrastructures dédiées à l'eau, à l'hygiène et à l'assainissement, soutien au développement d'activités génératrices de revenus, formations, soutien psychosocial, distributions alimentaires... Toutes ces actions ont un impact très positif sur les populations bénéficiaires. Le président du SIF salue d'ailleurs particulièrement le travail des équipes face à la crise Syrienne :    

« J'ai été impressionné par leur motivation et leur implication totale au quotidien en faveur de personnes démunies et fragilisées. J'ai une totale confiance en eux. Je ne le regrette pas quand je vois la qualité, la diversité et la rigueur dans le suivi des projets qu'ils mènent en Syrie. J'en ai profité pour les remercier infiniment : ils le méritent à... 200% ! Par leur sérieux et leur professionnalisme, ils ont su faire de leur équipe l'une des toutes meilleures du SIF. »    

Ensemble, ils ont pu discuter des conséquences découlant de dix années de conflit armé en Syrie, qui ont provoqué la mort de plus de 400 000 victimes. La situation reste d’ailleurs très inquiétante : selon l’ONU, 13,4 millions de personnes ont actuellement besoin d’aide humanitaire, tandis que 6,6 millions de Syriens se sont réfugiés au-delà des frontières !

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Nos équipes procèdent à de minutieuses évaluations avant de débuter les travaux de réhabilitation de bâtiments et d'infrastructures clés

« Ce que j’ai vu est désolant. En Syrie, il y a des ruines partout… »

« Les zones qui ont été touchées par les conflits se sont complètement vidées, poursuit le président du SIF. En danger, les gens n’ont eu d’autre choix que de partir. On en parle peu, mais presque 7 millions de Syriens se sont déplacés à l’intérieur même de leur propre pays, que j’avais visité avant la crise. C’était un tout autre paysage. Ce que j’ai vu est désolant. Désormais, il y a des ruines partout… »

Ces édifices et ces bâtiments, maintenant en ruines rythmaient la vie de la population syrienne avant la crise. Infrastructures sanitaires et de fourniture d’énergie, écoles, hôpitaux, logements… D’innombrables bâtiments clés ont été touchés et sont hors d’usage. « Certains bâtiments sont complètement détruits, d’autres sont tellement endommagés qu’il est impossible de les réhabiliter, indique le président du SIF. D’autres sont dégradés mais réhabilitables, même s’il faut tout refaire. La première chose qu’on fait est d’ailleurs de déblayer les gravas pour redonner un semblant de vie normale aux populations touchées. »

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Face à la crise syrienne, le SIF met en œuvre de nombreux chantiers de réhabilitation de logements et d’infrastructures

Eau, assainissement, écoles, logements…
En Syrie, le SIF réhabilite des infrastructures vitales

Soutenu par les Nations Unies, c’est sur ces bâtiments que le Secours Islamique France (SIF-ONG) a décidé de concentrer son action de réhabilitation. Forage de puits d’eau potable, assainissement, réseaux d’acheminement de l’eau, infrastructures de base, logements, écoles, protection de l'enfance… Les projets de notre ONG en Syrie sont globaux et concernent plusieurs secteurs fondamentaux.

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Les équipes du SIF développent de nombreux projets autour de l’accès à l’eau, à l’assainissement et à l’hygiène, incontournables pour aider les Syriens à vivre dignement

Au plus proche des populations touchées, Rachid Lahlou reste profondément marqué par les témoignages spontanés qu’il a pu recueillir. « Le SIF a réhabilité des centaines de maisons, et continue de la faire, rappelle-t-il. Quand les gens que nous aidons retrouvent un toit, c’est toute une vie qui recommence : ils ont beaucoup souffert de vivre dans des camps, des baraques de fortune ou des espaces aménagés temporairement en écoles … »

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L'une des priorités du SIF face à la crise Syrienne est d'aider les enfants à retrouver une scolarité normale en réhabilitant des écoles

Syrie : dans les écoles, les enfants retrouvent de la protection

Les écoles, justement. Maternelles, primaires, enseignement secondaire ou professionnel… Dans ses actions, le SIF leur accorde une place centrale. Les résultats sont à la hauteur des espérances de notre ONG. « J’ai visité une école remise à neuf par nos soins, se remémore le président du SIF. Le contraste était saisissant entre le silence assourdissant des alentours et les rires des enfants dans les locaux. Ils étaient heureux d’avoir retrouvé le chemin de l’école, d’avoir retrouvé leurs amis et un espace sécurisé où courir, apprendre et s’amuser… »

Du soutien psychosocial pour surmonter les traumatismes liés aux dix ans de conflit en Syrie

Il faut dire que ces enfants, comme le reste de la population, ont été profondément marqués psychologiquement par les dix années noircies par les conflits armés. C’est pourquoi le Secours Islamique France (SIF-ONG) a développé et compte encore renforcer des actions autour du soutien psycho-social. « En Syrie, la population est traumatisée, même si je n’ai entendu personne se plaindre de son sort, assure Rachid Lahlou. Le travail à faire est énorme, notamment avec les enfants. Ils ont eu très peur, ils restent parfois sur la défensive, ne parlent pas ou très peu, risquent le décrochage scolaire. C’est en les rassurant par le dialogue qu’on les aidera à retrouver une existence normale… »

Le SIF développe en Syrie des formations et de l’accompagnement vers des activités génératrices de revenus

Pour les adultes, ce soutien est renforcé par des formations professionnelles, voire même de l’aide au développement d’activités génératrices de revenus. Par exemple, le SIF a développé des projets multidimensionnels en faveur d’agriculteurs, accompagnés sur le long terme. Car en Syrie, le chemin vers un retour à la normale semble encore bien loin. Les années de conflit ont laissé la place à une économie exsangue.

« La crise sociale est grave. Le SIF restera en Syrie aussi longtemps qu’il le faudra… »

Si une partie des industries et des commerces ont repris leur activité, les prix ont flambé, les denrées sont rares. 

« La crise sociale est grave, conclut le président du SIF. Les gens n’ont pas d’argent, les marchés sont très peu fréquentés, les commerçants souffrent du manque de clientèle, c’est un cercle vicieux. Même le SIF s’adapte : par exemple, l’électricité est coupée très fréquemment. On doit trouver des solutions durables à cette ressource, qui est rare et très cher. Dans nos réhabilitations, on a donc intégré l’énergie solaire. Les besoins sont immenses, c’est l’une des missions qui me tient le plus à cœur, et je suis fier de dire que nous resterons en Syrie aussi longtemps qu’il le faudra… »