Ecole publique : quand la pédagogie du SIF fait le citoyen

 
Les Ateliers du Petit Humanitaire se donnent en public !  
 
Comme le dit le proverbe arabe : « Une tradition commence la première fois ». En 25 ans d’existence, le Secours Islamique France (SIF) n’était — quoique malgré lui — encore jamais intervenu dans une école publique en France. Mais ça, c’était avant !
 
Du 7 au 11 décembre 2015, dans le cadre de la semaine de la citoyenneté organisée par la ville de Pierrefitte-sur-Seine (93), le SIF a animé, pour la première fois, ses Ateliers du Petit Humanitaire dans l’enceinte d’un établissement scolaire laïc. En effet, la directrice de l’école Eugène Varlin 1, Mme. Patricia Martin-Luis, a reçu 3 membres du Secours Islamique France.
Cela faisait longtemps que je voulais que le SIF propose un atelier dans cet établissement. Le choix de cette école n’est d’ailleurs pas anodin, c’est là où est scolarisé mon fils! Après ce qu’il s’est passé le 13 novembre à Paris et à Saint-Denis, je trouvais que c’était le bon moment pour aller voir nos jeunes enfants et discuter avec eux. J’avais cette opportunité, alors je l’ai saisie !
confie Abderrahim Ghaddou, un des membres du Service Relations Associations. En dehors de sa vie professionnelle, Abderrahim est aussi très impliqué dans la vie associative de son quartier. Il s’investit donc dans le dynamisme de l’école Eugène Varlin, où il est représentant de parents d’élèves, mais aussi au sein d’autres écoles du quartier, dans lesquelles il organise des activités extrascolaires. Voilà quelqu’un qui vit véritablement son quartier !
 
Le programme de ces Ateliers du Petit Humanitaire s’articulent autours de 3 questions principales, à savoir, la situation des réfugiés dans le monde, le bien vivre ensemble et la protection de l’enfance. Pour le SIF, cela paraît essentiel de sensibiliser les plus jeunes, selon son regard et ses propres expériences, sur ces thématiques. Abderrahim Ghaddou nous raconte :
On a parlé des projets d’autonomie des populations que l’on mène au Tchad, au Pakistan, ou ailleurs, mais aussi de ce que l’on fait en France avec les Epiceries Solidaires, les Tables du Ramadan, le Centre d’Accueil de Jour etc. […] On alerte nos enfants, on leur demande de s’imaginer que la guerre se passe chez nous et que ce soit à nous d’être obligés de fuir, de devenir des réfugiés. Est-ce qu’on ne serait pas content de trouver des associations ailleurs, dans d’autres pays, qui nous aident, nous abritent, nous donne à manger ?
C’est donc de manière pédagogique et avec l’aide de multiples supports, notamment vidéo et numériques, que les représentants du SIF ont alerté pas moins de 11 classes, du CP au CM2 (soit près de 550 élèves), sur le mandat et les actions de notre organisation, en France comme à l’étranger. L’objectif était de leur transmettre et de leur faire prendre conscience que l’engagement est avant tout citoyen, en vue d’un projet commun. Abderrahim Ghaddou poursuit :
On doit être un acteur citoyen complet, solidaire avec tous ceux qui sont autour de nous. Ce combat citoyen s’inscrit dans une globalité. On est humains, solidaires, et on doit partager. Nous n’avons pu que constater la curiosité, l’intérêt et l’enthousiasme des plus petits comme des plus grands, sur les défis que pose le monde. Ainsi, l’échange a été constructif tant pour eux que pour nous. Notre devoir, en tant que parents, que professeurs, qu’acteurs de la solidarité, mais aussi et simplement comme citoyens, est de leur apporter les clés de compréhension des événements qui tourmentent le monde. Leur donner à voir l’Autre n’a de sens qui si l’on prend le temps d’expliquer les raisons de ses conditions de vie. Mon message principal consistait à leur faire réaliser la valeur des choses, que d’autres sont dans le besoin, que lorsqu’ils appuient sur un bouton ou qu’ils tournent le robinet, il n’y a pas de lumière qui s’allume ou d’eau qui sort.

Ce pari semble réussi. En effet, de nombreux échos positifs nous sont parvenus : de la part de la directrice de l’établissement, des enfants eux-mêmes, de leurs parents, mais aussi de la municipalité. Nous avons même eu des retours de la part d’autres classes, déçues de ne pas avoir pu assister à ces ateliers. Au vu de cette heureuse issue, le SIF a pour ambition d’intervenir dans d’autres écoles publiques du département de Seine-Saint-Denis et vise plus largement à généraliser ce type d’actions sur l’ensemble du territoire français. Notre démarche, que ce soit dans l’enceinte d’une Ecole ou ailleurs, s’inscrit bel et bien dans une logique d’ouverture.