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journée mondiale de l'eau

Dix ans après la proclamation du droit à l’eau, à l’hygiène et à l’assainissement : où en est-on ?

L’année 2020 marque les 10 ans de la reconnaissance des droits humains à l’eau et à l’assainissement par les Nations Unies. À cette occasion, le Secours Islamique France (SIF) appelle les États à accélérer les efforts pour enfin éliminer les inégalités d’accès tout en préservant les ressources en eau et ainsi atteindre l’un des Objectifs de Développement Durable (ODD). Une accélération vitale dans un contexte d’urgence climatique.

En 2020, une personne sur trois dans le monde ne jouit toujours pas d’un accès à l’eau potable et 144 millions de personnes recueillent de l’eau directement à partir des sources  contaminées.

Cette situation a des impacts fortement néfastes sur la santé des populations, sur leur accès à l’éducation, sur l’environnement ou le développement économique des pays.

Le SIF aide ses bénéficieras à une autonomie en eau potable
L'agriculture est un des pas vers l'autonomie
Sensibilisation à l'hygiène

L'état des lieux, 10 ans après

Le changement climatique oblige d’autant plus les États à agir rapidement : il est inévitable de s’adapter et réduire les vulnérabilités des populations pour éviter que davantage de personnes ne soient laissées de côté.

Encore aujourd’hui, près d’un quart de la population mondiale est en situation de stress hydrique très grave (World Resources Institute). Si les pressions sur les ressources en eau se poursuivent, plus de 50% de la population mondiale subira des pénuries d’ici 2050 (ONU).

Les catastrophes naturelles, très soudaines, telles que les inondations, les cyclones ou les évènements de plus long terme comme les sécheresses, la dégradation des sols ou la salinisation des eaux, vont accroître la raréfaction de la ressource en eau et provoquer des ruptures dans l’accès aux services de base d’eau potable et d’assainissement (dysfonctionnement, arrêt des services).

Les conséquences seront graves : pollution des eaux à cause de l’absence de traitement, augmentation des coûts des services, augmentation des maladies hydriques, propagation d’épidémies, multiplication des conflits en rapport avec l’usage de la ressource, déplacements de populations… Les effets les plus sévères seront particulièrement ressentis par les populations les plus vulnérables, vivant en habitat bidonvilles ou en milieu rural isolé et par les personnes impactées par des crises humanitaires ; en un mot, toutes les personnes qui n’ont déjà pas un accès suffisant et adéquat aux services de base.

Chaque année, 26 millions de personnes en moyenne tombent dans la pauvreté à cause des catastrophes climatiques[1]. 143 millions de personnes pourraient être forcées de se déplacer à l’intérieur de leur propre pays pour échapper aux impacts du changement climatique[2]

Malgré les mobilisations citoyennes et l’alerte des scientifiques du GIEC (Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat) sur le fait que nous sommes loin de limiter le réchauffement en deçà de 2°c comme convenu dans l’accord de Paris, les États n’ont pas su rehausser leurs ambitions durant la COP25 : aucune annonce significative n’a été faite pour limiter les émissions de gaz à effet de serre, et répondre à l’urgence climatique, notamment de la part des plus grands pollueurs.

Nous sonnons l’alarme sur l’impact du changement climatique sur la réalisation des droits humains à l’eau et à l’assainissement.

La population pratiquant la défécation en plein air a diminué de moitié, passant de 1,3 milliard à 673 millions et 1,8 milliard de personnes ont gagné un accès élémentaire aux services d’eau* depuis l’année 2000. Nous savons les progrès qui ont pu être faits en termes d’accès ces dernières décennies, mais c’est insuffisant et cela le sera encore moins au fur et à mesure que les effets du changement climatique se feront sentir. Ceci est d’autant plus alarmant que les moyens dédiés au secteur de l’eau et de l’assainissement sont aujourd’hui largement insuffisants pour couvrir les besoins existants, sans même parler de la réponse aux situations de crise.

[1] Banque mondiale
[2] Banque mondiale 2018

Le SIF aide ses bénéficieras à une autonomie en eau potable
Sensibilisation à l'hygiène
Sensibilisation à l'hygiène

Pour que la France respecte les engagements de sa stratégie internationale

Pour que les Droits de l’Homme à l’eau potable et à l’assainissement pour tous sans discrimination soient réalisables dans un contexte de changement climatique,  le SIF encourage la France à respecter les engagements définis dans sa stratégie à l’international sur l’eau et appelle plus largement la communauté internationale à :

  • Concrétiser la mise en œuvre de l’Agenda 2030 et de l’Accord de Paris. Les gouvernements doivent acter une posture plus proactive et réviser à la hausse leurs engagements dans la lutte contre le changement climatique.
  • Mettre en place des mesures ciblées pour réduire les risques et la vulnérabilité des communautés les plus exposées aux catastrophes, notamment celles liées à l’eau, et permettre une plus grande intégration de l'adaptation aux changements climatiques et la réduction des risques au niveau local et national.
  • Accroître la résilience des services d’eau et d’assainissement en prévision de la multiplication/l’aggravation des événements climatiques à venir et prendre davantage en compte les enjeux de l’eau dans les stratégies et plans nationaux de lutte contre le changement climatique (gestion de la ressource, gestion et gouvernance des services).
  • Promouvoir le développement et la mise en œuvre de pratiques durables de gestion de la ressource en eau pour prévenir et répondre aux dérèglements lents (captation et utilisation raisonnée de la ressource en eau, agroécologie, réutilisation des eaux usées…)
  • Augmenter les financements de programmes pour la prévention des crises et fragilités et les réponses humanitaires dans le secteur de l’eau et de l’assainissement.

*Eau de boisson provenant d’un point d’eau amélioré, à condition que le trajet aller-retour pour aller chercher l’eau ne dépasse pas 30 minutes, temps d’attente compris.

[1] Et ce chiffre ne prend même pas en compte les coûts de maintenance des services qui devrait atteindre en 2030 128 milliards de dollars, toujours selon la banque mondiale.

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