Voyage  vers les terres arides du Tchad

Mis à jour le 20/02/12

Du  26 novembre au 6 décembre 2011, une  délégation du Secours Islamique France accompagnée de partenaires de l’ONG, s’est rendue au Tchad pour visiter les projets d’Eau et d’assainissement mis en place (forage de puits).

L’équipe, composée de membres du Service Relations Associations (SRA) du SIF et d’une dizaine de responsables d’associations musulmanes françaises œuvrant pour l’accès à l’eau au Tchad, a pu recueillir des témoignages, échanger avec les bénéficiaires et les équipes locales avec l’objectif premier  de rendre compte, témoigner du travail effectué jusqu’à présent.

L’équipe du Service Relations avec les Associations nous raconte une journée de cette mission 

Le Secours Islamique France est présent depuis quelques années au Tchad et de nombreux projets dans le domaine de l’Eau et l’assainissement ont pu être réalisés. Les donateurs, qui œuvrent à la mise en place de tels projets, sont sensibles à la  problématique de l’eau et, de fait, se sentent concernés. Pour la 1re fois, une mission organisée avec les associations donatrices au SIF  a été réalisée. Ces dernières ont ainsi pu se  rendre  compte de l’impact de leurs dons dans la vie quotidienne des populations bénéficiaires des projets du SIF.

C’est donc dans un souci de transparence qu’en novembre 2011, une équipe  est partie pour une semaine en mission au Tchad. Il était très important pour nous, de pouvoir être au plus proche des bénéficiaires, de vivre en immersion, pour les écouter et ressentir leurs besoins.

8h00, nous sommes déjà sur la route. Nous empruntons des chemins non goudronnés en pleine brousse. Seules les personnes vivant dans la région peuvent s’y orienter.  Aucune signalisation, panneaux ou repères… Il peut s’écouler des heures, sans que l’on croise une âme qui vive. Parfois, nous apercevons au loin des nomades traversant le pays du nord au sud dans l'espoir de trouver des pâturages et de l’eau, mais aussi des enfants ou des femmes à la recherche  d’eau. alt

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Nous rencontrons ainsi 3 enfants âgés de 8 ans environ, marchant sous une température de 40°. Ils  tiennent à la main des bouteilles d’eau, contenant un liquide jaunâtre, leur ration d’eau à partager  pour la journée… 

 

7 millions de personnes, dont 2,1 millions d’enfants de moins de 5 ans,
meurent chaque année de maladies liées au manque d’eau potable (Source UNESCO)

11h00, après 3 heures de route, nous arrivons enfin au village de Timeré. L’accueil y est chaleureux et l’ambiance conviviale. Les villageois nous remercient et nous montrent leur gratitude. On peut voir dans leurs yeux la joie mêlée à l’espoir. L’espoir de voir leur quotidien s’améliorer grâce aux projets menés par le SIF. Nous allons visiter le puits du village, cette source de vie, et nous goûtons cette fameuse eau, si précieuse.

Une femme s’approche et témoigne : « Grâce au puits, on ne fait plus 4 heures par jour pour aller chercher de l’eau, nous pouvons garder nos enfants et les elever. » 

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13h00, nous arrivons  dans un second village nommé Karga. Tout de suite, une chose nous frappe : la file d’attente devant le puits n’en finit pas ! Les femmes, les enfants, le bétail, tous attendent pour se rafraîchir et boire. Nous comprenons qu’un seul puits est insuffisant pour cette population. En effet, le chef du village nous explique que le village compte 1 700 personnes et que chaque puits permet de couvrir les besoins de 500 personnes environ. Malgré l’attente, les bénéficiaires nous sourient et nous expriment leur reconnaissance. Le forage d’un, voire deux, puits supplémentaires serait nécessaire pour subvenir entièrement à leurs besoins en eau potable.
 
 
Près de 884 millions de personnes n’ont pas accès à une eau saine et salubre (Source ONU)
 
 
15h00, nous arrivons au village de Assouloua où nous sommes accueillis par des chants et un repas traditionnel. C’est un grand jour pour eux, le jour où le court de leur vie va basculer, le jour du forage de leur puits ! Au premier jet d’eau, une émotion indéfinissable nous envahit. Joie, bonheur, soulagement… Voir leurs sourires nous réchauffe le cœur. Un homme nous confie : «J’attends ce moment depuis 60 ans. Je vais  pouvoir regarder l’eau couler…  Vous nous avez redonné la vie, c’est une deuxième vie. »
 
 
Depuis 2008, 300 puits on été forés par le SIF. Désormais, une trentaine d’arbres fruitiers
sont également plantés autour des puits forés pour contribuer au reboisement.
 
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17h00, nous sommes sur le chemin du retour, la tête encore pleine d’émotions.

Nous apercevons un homme au loin. Il est âgé, seul, à des kilomètres de toute civilisation. Son visage est marqué, il dit avoir 90 ans. Il est en train de semer du béré béré dans une terre aride, à l’aide d’un bâton. Pourquoi une personne aussi âgée travaille-t-elle encore, surtout sous un soleil de plomb ? Quand nous lui posons la question, le vieil homme répond :
 
« C’est parce que j’ai honte de recevoir mes enfants et
mes petits enfants et de ne rien avoir à leur offrir… »  

 

Le Tchad est le 5e pays le plus pauvre au monde, et les terres y sont parfois extrêmement arides. Or, la sécurité en eau est essentielle au développement.. Il reste encore un grand nombre de villages à équiper de puits. Près de 1 700 puits sont en attente de financement.

 Pour que l’accès à l’eau potable ne soit plus problématique et pour permettre à des milliers de personnes d’améliorer leurs conditions de vie et de vivre dignement, aidez-nous à les aider.

 

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TEMOIGNAGES DE DONATEURS

« Du 26 novembre au 6 décembre 2011, j’ai eu le plaisir et la chance d’accompagner l’équipe du SIF au Tchad dans le cadre de la visite des villages dans lesquels des puits ont été forés. Lors de notre rencontre avec les bénéficiaires, les gens étaient heureux de nous recevoir chez eux. Ils étaient très accueillants et très chaleureux. Cela m’a interpellé sur le sentiment d’insatisfaction des gens en France qui vivent dans le confort comparativement aux tchadiens qui se contentent du minimum et avec une satisfaction incroyable malgré la pauvreté dans laquelle ils vivent. Ce que j’ai vu pendant les 10 jours passés là-bas a renforcé ma confiance au SIF. »
Mohamed BELAHRACHE, Relais et donateur à la retraite

« Lors de notre déplacement au Tchad, ce qui m’a le plus touché, c’est la pauvreté du pays. Pas de mendicité, malgré la pauvreté. Les gens ne demande ni or, ni argent, uniquement de l’eau.
Après avoir vécu ce voyage, je garderai en souvenir l’attente des villageois. Depuis plusieurs années, ils attendent l’arrivée de l’eau potable dans leur village. Je garderai toujours en mémoire cette petite fille qui attendait depuis le matin pour remplir ses jerricanes d’eau.
La rencontre avec les bénéficiaires s’est très bien passée. L’accueil fut chaleureux : le sourire des villageois et surtout ces enfants qui vous laissent sans mots et pleins de larmes de joie dans vos yeux. »
Youcef BADACHE, donateur du SIF depuis 2004