Lundi, 29 août 2011
Une fois de plus, les conflits mènent des milliers de personnes à l’exode. La situation vécue au camp de Choucha je l’ai maintes fois vécue lors de mes différentes missions sur le terrain. A chaque fois, l’urgence humanitaire qui n’est censée durer que 3 mois se prolonge sur des mois, voire des années. La vie dans ce camp n’est pas différente de celle que vivent des dizaines de milliers de réfugiés ou déplacés à travers le monde. Ces populations vivent dans les mêmes conditions, que ce soit au Kenya, à Kouceri à l’extrême nord du Cameroun, au Tchad ou même en Haïti. Les gens se voient dans l’obligation se s’organiser en créant une ville miniature parfois à la taille de nos grandes villes en France avec les différents besoins que l’on retrouve au quotidien. Ainsi, la vie s’est organisée à Choucha. On y trouve des échoppes, mais aussi un couturier… Mais ce qui m’a le plus touché, c’est de voir un pressing ouvert par l’un des réfugiés, avec une machine à laver et des fers à repasser. Cela montre la volonté de ces gens qui ont vécu l’exode de s’en sortir et leur capacité à s’adapter à des conditions de vie très difficiles. Lors de cette mission j’ai reçu de la part d’un réfugié d’origine éthiopienne le meilleur compliment qu’aurait aimé recevoir un humanitaire : il nous a félicités pour la qualité de nos différentes distributions. Après avoir traversé le désert, il ne s’attendait pas à recevoir une telle aide. Aujourd’hui, c’est un papa comblé. Son deuxième enfant est né dans le camp de Choucha, le jour même de leur arrivée… |
Exemple de petits commerces développés par les réfugiés sur Choucha. Ici un pressing. |
J’aurais aimé continuer cette mission jusqu’à son terme mais d’autres obligations m’ont poussé à rentrer. Mon souhait est que ces situations disparaissent à travers le monde, mais tout le monde sait que ce n’est qu’un rêve. J’espère néanmoins que nous allons tirer des leçons de ces crises, comme par exemple apprendre à relativiser par rapport à nos conditions de vies plutôt favorisées.
Bon courage à toutes ces populations qui vivent des difficultés aux quatre coins du monde avec, je l’espère, des jours meilleurs à venir.
Larbi BENCHETOUYA
Chef de Mission SIF en Tunisie